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commentaires lumineux, sans avoir ajouté pour cela un iota à sa moralité pratique. Et ces émotions supérieures se rattachent aux émotions primitives, en ce qu’elles se rapportent comme celles-ci, quoique indirectement, à la conservation de l’individu et de l’espèce. Par là elles se rattachent, elles aussi, à l’organisme, elles n’agissent que dans la mesure où les idées qu’elles impliquent éveillent des tendances, c’est-à-dire des éléments moteurs Les caractères individuels se définissent essentiellement par la façon de jouir, de soufrir, de désirer. Quand la vie affective se dissout, les sentiments supérieurs et complexes disparaissent les premiers, et en dernier lien seulement les besoins organiques (besoin de nutrition, etc.), et cette dissolution n’est pas due à celle des idées, mais à un état de déchéance organique que souvent la désagrégation intellectuelle manifeste plus tard seulement. Le fond de la vie affective c’est donc J’appétit ou son contraire, c’est-à-dire des mouvements ou arrêts de mouvements ; dans sa racine elle est tendance, acte à l’état naissant ou complet, indépendant de l’intelligence, qui ri a rien à y voir et peut même ne pas exister. On peut donc dire que dans la totalité de là vie psychique la place de la vie affective est la première, non pas sans doute au sens où l’entendent certains auteurs, qui ont recherché laquelle de la sensibilité ou de l’intelligence est supérieure à l’autre, question factice, déraisonnable, puisqu’il n’y a pas de commune mesure entre les deux. Mais la vie affective est première parce qu’elle apparait la première, et dès lors il est clair qu’elle ne peut être dérivée ; elle n’est pas un mode, une fonction de la connaissance, et est irréductible. Ainsi posée, la question est simple, et la réponse est de toute évidence 9.

M. Ribot est un homme heureux. Dans un temps. où il n’est pas une théorie scientifique qui échappe à la critiquie, tout au moins aux | réserves, aux corrections, où un livre de physique est aussi cornplexe, comporte presque autant de va-et-vient de la pensée qu’une œuvre morale ou littéraire, il a gardé la sérénité des certitudes. Son doute ne porte que sur les faits ; l’enfant a-t-il peur dès le second jour, ou seulement à deux ou à quatre mois ? Preyer, Darwin, Perez . P. 19.

!k 2. P. 429.