Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/231

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t L. couïuraï". – Sur l’hypothèse des atomes. 237 lîque transcendentale de Kant. Mais cette esthétique transcendante ne dépasse-t-ëllè pas les bornes ’que le criticisme» impose à notre con- S naissance ? Il nous semble qu’elle envahit le domaine inconnaissable des choses en soi, et va jusqu’à leur imposer en quelque manière les ’̃ ; formes de notre sensibilité, toutes subjectives qu’elles sont. Sans S doute, on croit purifier ces formes de tout caractère intuitif en supprimant leur continuité, et on les réduit à n’être plus, selon la pensée de Leibnitz, que l’ordre des coexistences et l’ordre des successions. Mais, bien qu’on dégage autant que possible les choses des apparences dont notre sensibilité les revêt, il n’en est pas moins vrai qu’on leur impose à tout le moins les lois qui régissent l’ordre intelligible de nos perceptions ; si peu qu’elles soient engagées dans l’intuition empirique, du moment qu’elles contribuent à la déterminer, elles doivent obéir à la nécessité mathématique fondée sur les ~E formes a priori de la sensibilité. Par exemple, s’il est vrai que la perception d’une éclipse requière de la part des choses un concours s ou une collaboration quelconque, le fait que la prévision astronomique des éclipses réussit n’impliqu ;ç,t-il pas la soumission des choses à un ordre nécessaire dontnos lois géométriques et mécani- .S ques sont la traduction intuitive ? Mais alors, étant donné que l’auteur conçoit les choses en soi comme des individus réels et indépendants, que devient leur spontanéité ? Peut-être un kantien H trouverait-il que ce n’est pas la peine d’admettre un monde nouniénal pour y transporter la nécessité qui règne dans le monde des S ! phénomènes.

D’autre part, on peut" s’étonner que, tout en réalisant l’espace et le temps, l’auteur ait cru devoir sacrifier leur continuité. Sans doute, il résout par là les prétendues contradictions de l’atomisme, et il échappe aux difficultés (plus apparentes que réelles) des argu- j ! ments de Zénon d’Elée (v. p. 405) mais, pour résoudre l’antinomie qu’implique l’atome, il n’avait qu’à supprimer l’un des deux prineipes’contraires, le nombre ou le continu. Or nous savons que, pour lui, le continu est inintelligible, et que le nombre, au contraire, est le type de l’intelligibilité parfaite. Si notre auteur, était idéaliste, on .J ! comprendrait qu’il pût ériger les exigences de la raison en lois de la :S ! réalité, et soumettre les choses en soi là règle du nombre. Mais. Si puisqu’il est réaliste," il semble que le continu soit plus près que le S nombre de la réalité « obscure et inintelligible (p. 11) ».-En effet, S ! c’est le nombre qui vient de l’esprit, et dès lors il ne peut avoir de