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L. comx’RAT. Sur l’hypothèse des atomes. 24S>

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conscience ne peut former une nature ni être un objet de science il n’y a pas de lois psychologiques distinctes des lois physiques. C’est pour cette raison qu’il peut bien y avoir une méta-physique, mais qu’il n’y a pas et qu’il n’y aura jamais de méta-psychologie 1. En tout cas, s’il est permis de dépasser la conscience et de s’élever jusqu’à un être qui serait notre être, ce n’est assurément pas la con- J science empirique qui nous en fournira le moyen, mais peut-être la conscience intellectuelle pour la même raison, ce ne sera jamais le moi empirique qu’on pourra réaliser, mais bien le moi pur, le « je pense » ; et si l’on peut échapper de quelque manière à la condamnation des Paralogismes de la raison pure, prononcée par Kant, ce ne sera pas par l’intuition psychologique, mais par une intuition rationnelle, par le Cogito cartésien, que les éclectiques, par une méprise énorme, ont considéré comme une donnée de l’introspec- V ; tion 2.Si je puis dire que j’existe, ce, n’est pas en tant que je sens, mais en tant que je pense ; en affirmant mon existence, je n’affirme pas la réalité de mon état de conscience, mais la réalité de l’acte par lequel je le pense. Ce n’est donc pas dans la sensibilité, mais dans la raison que se trouve le fondement de mon existence, et par suite le critérium de toute réalité. Ce qui est vrai de moi est encore vrai des choses si je puis dire qu’elles existent, ce n’est pas parce ] que je les sens, mais bien parce que je les pense 3. La conclusion qui nous paraît ressortir de toutes ces discussions, i ; Nous ferons remarquer que cette thèse est conforme il la doctrine de Kant, : ;a qui a fortement établi qu’il ne peut y avoir de science de l’âme, ni par consé- 3 quent de métaphysique de rame, au début de ses Premiers principes mëtaphysignes de la Science de la Nature (p. 7 de la trad. Andler et Chavannes). -Â . Sur le véritable sens du Cogito, voir les pages profondes de M. Rauh Essai sur quelques problèmes de philosophie première, ap. Revue de Métaphysique et de Morale, t. I, p. 3o.

. Peut-être la critique du Kant n’a-t-elle ruiné le Cogito que dans la mesure ’2 où l’on prétendait en conclure l’existence de moi comme d’une chose, et connaitre > comme objet ce qui est essentiellement le sujet de toute connaissance, mais non "S si l’on se contente de poser le stijet comme fondement de l’existence de l’objet, -ï| la vérité comme antérieure à la réalité, l’idée comme supérieure à l’être. M. Rauh a dénoncé le vice de toute ontologie, lequel consiste à considérer la vérité comme une chose (art. cité, p. 48). Nous avons vu que le réalisme, en considérant les esprits comme des êtres objectifs, les plonge dans la nature et les assimile en fin de compte aux choses. Aussi dans tout spiritualisme y a-t-il un germe de ̃> spiritisme. Si donc M. Hannequin veut dépasser l’idéalisme transcendental et atteindre l’être, il ne le peut, croyons-nous, qu’en restaurant le Cogito sur la base du criticisme. Peut-être serait-il moins difficile de réconcilier Descartes que Leibnitz avec Kant. Cette entreprise est faite pour tenter celui qui a défendu, i avec tant de subtilité et de profondeur, la preuve ontologique cartésienne contre 1 la critique de Leibnitz (voir Revue de Métaphysique et de Morale, t. IV, p. 433).