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H. dagas. – Un aspect de, la dépopulation. 249

Ce procédé d’investigation, si simple et si naturel ne. fut jamais a appliqué par les théoriciens de la dépopulation. Aussi ont-ils abouti, le plus souvent, à des explications fantaisistes, à des propositions excessives, imprudentes et inutiles. Notre but, précisément, est de montrer les erreurs qu les contradictions renfermées dans les principales thèses que l’on a soutenues jusqu’à présent ; puis, de considérer un groupe social important,’ celui des populations indus· trielles, et de prouver que l’affaiblissement de la natalité s’y manifeste avec intensité.

D’après la statistique le chiffre total de la natalité en France éprouve une diminution graduelle. C’est ce que l’on exprime d’une façon ambiguë en disant que la dépopulation sévit avec force dans ce pays. On a donné de ce phénomène une.foule de raisons diverses et contradictoires. Si nous interrogeons les médecins, il va de soi que leurs réponses sont surtout d’ordre pathologique. Le docteur Picon, par exemple, attribue cette décroissance de la natalité au développement des maladies vénériennes. On conviendra que cette explica£ tion est trop superficielle pour qu’on s’y attarde sérieusement. Il est impossible encore de s’arrêter à l’hypothèse d’Herbert Spencer, qui rappelle que l’activité intellectuelle ne peut se développer qu’au détriment d’une partie de l’activité génératrice. Il faudrait se garder de généraliser cette thèse – si on l’admet, étant donné le nombre d’individus proportionnellement faible qui se trouvent placés dans ces conditions particulières de cérébration. L’hypothèse de M. Spencer. est donc insuffisante.

Si nous consultons les docteurs Arthur Chervin et Jacques Bertillon, nous sommes amenés à cette conclusion qu’il existe une relation entre l’état de richesse ou de pauvreté d’une part et le mouvement de la natalité d’autre part. Dès que disparaît la préoccupation de la fortune à conserver (à ne pas partager), déclare M. Bertillon, la natalité, prend un essor considérable. ».M. Bertillon conclut en affirmant que ce qui rend la natalité si faible, « c’est la stérilité des familles ayant quelque bien ». On ne peut méconnaître la justesse de cette considération, pourvu, toutefois, qu’on se borne aTenvisager comme un effet parallèle à celui de la natalité. M. Bertillon le méconnaît ; aussi le voyons-nous s’illusionner sur la valeur de certains correctifs chimériques il a recours à des lois fiscales rigoureuses permettant d’exonérer de l’impôt les familles nombreuses.