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268 .REVUE. DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

cette même quantité d’énergie le conduira est infiniment grande ce qui revient à dire que le poids ne cessera pas de monter. La vitesse et le temps.

. Un homme, un cheval, une machine sont capables de dépenser de l’énergie, en d’autres termes de fournir du travail pendant un temps plus ou moins long. Supposons qu’ils soient astreints à ménager leur force de manière à produire du travail d’une manière régulière, ou, ce qui revient au même, à élever un poids donné à une hauteur déterminée dans le même temps. Nous dirons d’eux que, pendant tout le temps qu’ils sont astreints à cette règle, ils sont des sources constantes d’énergie.

. Nous trouvons en nous la notion du temps. Comme nous éprouvons sans cesse une complexité de sensations nouvelles, notre manière d’être est à chaque instant modifiée. Les impressions se succèdent et se remplacent, mais les impressions remplacées ne disparaissent pas complètement ; elles sont fixées en partie tout au moins dans la mémoire, et, grâce à cette faculté, elles peuvent être comparées avec les sensations actuelles Ce qui est contenu dans la mémoire est dit appartenir au passe, et ce qui doit venir après l’actuel ou présent est dit appartenir à Y avenir. Le temps, tel que le saisit notre sensibilité, se compose ainsi d’instants distincts, ayant chacun leur caractéristique propre, et il se trouve toujours partagé par l’instant présent en deux portions indéfinies, dont l’une s’agrandit toujours aux dépens de l’autre, l’une qui s’enfonce dans le passé et qui, au dire du vulgaire, n’est plus, l’autre cachée dans l’avenir et qui, pour le même vulgaire, n’est pas encore.

. Mais, comme nous l’avons dit, la science, pour prendre possession de cette notion, doit la simplifier, l’uniformiser, en un mot, en faire un nombre. En conséquence, le temps mécanique se compose d’instants tous égaux, il n’a par conséquent ni passé ni avenir ; seulement, en tant que le mécaniste considère par la pensée la route d’un mobile, il pourra, au lieu de parler du point d’où il considère qu’il part et du point où il considère qu’il arrive, s’exprimer . Pour rendre vraisemblable cette conséquence, il suffit de supposer le poids attaché à une corde infinie et sans poids passant sur une poulie située à une hauteur infinie, et à l’autre extrémité de laquelle J’énergie est appliquée. . Voir Théorie de la sensibilité.