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LES TROIS DIALECTIQUES

III. – LA DIALECTIQUE RELIGIEUSE. ̃

I. L’objet religieux. – La dialectique religieuse a un objet propre mais non un domaine propre. Dès qu’on a attribué le monde « donné » à la dialectique, théorique, et le monde qui donne » à la dialectique pratique, il ne reste rien de disponible. Tout rentre dans cette double catégorie, même la vie affective que quelques-uns ont tenté de mettre à part. Si donc une troisième dialectique se forme, c’est en s’attachant aux éléments abandonnés par ses devancières sur leur propre domaine. Elle ne saurait avoir d’autre objet que l’ « incoordonné », ou l’ « incoordonnable ». Nous pouvons dire aussi l’ « absolu ». -– Ce dernier nom est ici parfaitement approprié, incontestablement mieux que lorsqu’on essaye de l’appliquer fr 1 l’unité suprême des choses, ou à tout autre résultat de la dialectique théorique. N’est-ce pas, en effet, dans l’incoordonnable que doit se trouver l’existence qui se suffit à elle-même ? Et, réciproquement, n’est-ce pas dans l’existence qui se suffit à elle-même que doit se trouver l’incoordonnable ? D’autre part, I’incoordonné et l’absolu conviennent également bien pour désigner ce que la religion a offert.de plus caractéristique. On est encore loin de s’entendre sur la nature de la religion, et cela n’a rien d’étonnant quand on songe à son rôle dans l’histoire. Par le fait même qu’elle s’est unie aux premiers rêves de l’humanité, que pendant longtemps elle a été l’unique puissance civilisatrice, qu’elle a absorbé dans ses institua tions et soumis à ses symboles toutes les fonctions spirituelles,’elle doit présenter un très grand nombre d’éléments combinés entre lesquels il est difficile au premier abord de choisir. Cependant l’élément qui semble le plus propre à la distinguer des autres activités est