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Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/306

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3°2 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE. l’absolu dans l’action. Ce n’est pas assez de promener sa pensée sur l’univers, pour être saisi de sublime ou de foi en l’avenir. Les choses en donnent l’occasion à nous d’en créer la réalité. Supposez une forte vision de l’absolu sans un élan d’amour correspondant elle serait pour notre peine plus que pour notre joie. On n’a pas rapproché sans raison l’horrible et le sublime; ou encore, la crainte et la religion. Leur source est parfois la même c’est la vision de l’absolu. Seulement, la manière de soutenir cette vision diffère. La crainte l’évite, aussi est-elle pour les faibles; la religion l’accepte et la recherche, aussi est-elle pour les forts. L’une en reçoit le choc, et l’autre le bienfait. Que la dialectique s’en souvienne dans sa manière de justifier la prière. Elle n’a pas le droit de faire de celle-ci une attitude passive ou craintive. La prière ne peut se légitimer que comme une majoration, une concentration, ou une exaltation, comme on voudra, de la vie affective se portant à la rencontre de l’absolu. Mais la même influence va de l’ordre théorique à l’ordre pratique. Le vent du sacrifice, lui aussi, souffle où il veut cependant une atmosphère d’absolu peut en hâter la venue. L’irrationnel dans les choses doit solliciter à l’irrationnel dans la vie. Nous pensons l’absolu dans la mesure où il agit en nous, mais aussi il agit en nous dans la mesure où nous le pensons. Affirmer Dieu, c’est poser en soi-même une résolution de sacrifice, et réciproquement. Telle est l’œuvre de début de la dialectique religieuse. Prétendrait- on qu’il est inutile de la rappeler à l’attention des théologiens? Ce n’est pas notre avis. Jamais ils n’ont assez nettement distingué l’ordre religieux de l’ordre théorique ou de l’ordre pratique. N’avons-nous pas déjà dit que, si leur inspiration est religieuse, en tout cas leurs formules ne le sont guère? De nos jours surtout, ils doivent se mettre en garde contre un désir immodéré de faire comme les savants ou les moralistes, et d’atténuer, ou même de passer sous silence, les hors la loi. Y céder, ce serait trahir la religion, et en particulier le christianisme. On peut bien rendre celui-ci progressif, mais non « raisonnable ». C’est son originalité d’être plus religieux, c’està-dire plus pénétré d’absolu, que les autres religions, et il ne faudrait pas la lui ravir en le ramenant à une pure morale, ou à une pure science. Sans doute, il renferme une morale, mais ce n’est pas lui qui l’a fournie; il renferme une science, une philosophie explicative, mais ce sont les philosophes qui en ont fait les frais. Ce qui appartient en propre au christianisme, c’est son histoire de l’irra.-