J.-J. GOURD. LES TROIS DIALECTIQUES. 307 i
L’élément coordonnable peut être refoulé, il ne sauraifêtre anéanti. Bien plus, il résulte de l’acte même destiné à le refouler. En s,’aecuinulant dans la conscience,’ les hors la loi ne se pénètrent pas, ils s’ajoutent, ils forment une totalité ; et cela même implique une sorte de coexistence, de coextension, par conséquent un élément de ressemblance et de coordination. La pensée de l’absolu séparé reste donc possible.
Essayerons-nous d’aller plus loin dans cette voie, et de convertir en absoluité l’élément coordonnable qui subsisté, de même que la dialectique théorique a converti en élément coordonnable la part subsistante d’absoluité ? Peut-être en trouverions-nous le moyen, et ainsi pourrions-nous arriver à une sorte d’intelligibilité religieuse enveloppant tout le monde donné et rachetant par la puissance ce qu’elle aurait fait perdre en vérité ou en, valeur de fait. Mais peut-être aussi risquerions-nous de compromettre ce que nous avons obtenu. L’absolu est maintenant assez net, assez pur, assez un, pour nos forces. Ce Dieu « transcendant » demande déjà beaucoup de notre part. Impossible de s’élever à lui sans une vie religieuse intense et soutenue. Il est facile d’en affirmer le mot, mais non d’en saisir la chose. Dois-je répéter que l’abstraction religieuse ne se produit que par la concentration en un seul acte intellectuel’des hors la loi mis en relief par la dialectique ? Elle suppose donc une existence en pleine atmosphère d’absolu, que l’on n’obtient qu’au prix d’efforts persévérants. Si penser toujours à Dieu, c’est être mystique, on petit bien dire que le mystique seul est capable de croire au Dieu “ transcendant. Les autres, peut-être l’immense majorité des croyants, se figurent seulement y croire.
On remarquera à ce sujet que notre Dieu transcendant ne ressemble pas plus à celui du déisme que notre Dieu immanent ne ressemblait à celui du panthéisme. Et nous nous en félicitons encore. C’est un immense avantage que d’éviter de nouveau le problème ̃gratuit et gênant de l’ensemble du monde, et, d’une manière généraie, les nombreuses et insurmontables difficultés qu’a suscitées le réalisme à, la philosophie. Notre Dieu transcendant, faut-il le dire encore, n’a de signification qu’au point de vue strictement religieux. Il n’est pas plus cause productrice que notre Dieu immanent n’était cause substantielle ; et il ne faut chercher en lui d’explication d’aucune sorte. C’est un’ immense avantage aussi que de ne pas réduire l’objet religieux à une existence formelle, d’une forme gran-