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"314 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

moins nous prenons conscience de la dialectique qui nous constitue. Mais pourquoi ? Parce qu’elle a pour objet et pour facteurs des faits de conscience, et qu’il y aurait contradiction à admettre des faits de conscience qui ne s’apercevraient ni de ce qui leur arrive, ni de ce qu’ils font. Car je pense qu’on ne songe plus à la fameuse hypothèse du « spectateur étranger » à l’action elle-même. Or, ce son t aussi des faits de conscience qui s’incorporent à la personne divine. Celle-ci ne se sépare donc pas plus que la nôtre de la conscience de sa formation. Quels tenaces préjugés ne sont pas attachés à ces notions ! l Eh sans doute, la mémoire divine nous semble moins serrée que la nôtre ; peut-être ne donne-t-elle pas lieu aux rapprochements d’où jaillissent des rapports nouveaux, des pensées nouvelles ; il faut la concevoir par analogie avec celle de l’État, ou d’autres de ce genre. Elle s’accorde fort bien cependant avec la notion de personnalité. Avec la mémoire, veut-on attribuer encore à Dieu un organisme corporel’ ? S’il s’agit seulement de laisser le hors la loi choisi dans les circonstances où il est apparu, cela ne constitue point une détermination nouvelle. Nous savons, et nous y avons déjà insisté, que la personnalité divine ne se justifie qu’à la condition. d’être concrète. Mais il peut y avoir dans les circonstances du hors la loi choisi des éléments défavorables à son relief. Ne faudra-t-il pas les modifier ? De ° plus, ces circonstances pourraient, par leur précision et leur constance, nuire à l’agrégation des autres hors la loi ? Ne faudra-t-il pas qu’une agrégation de l’élément coordonnable se produise parallèlement à celle de l’élément incoordonnable ?~Et’ c’est ainsi que la dia.lectique est appelée à créer pour la personne divine un corps approprié, vague condensation des principaux milieux où il nous est ° apparu, organisme assez effacé, assez fuyant, assez « spirituel », ainsi que dit l’apôtre, pour se prêter à l’ubiquité symbolique. – Craignons, sans doute, d’entrer à cet égard dans des explications que le sujet ne comporte pas, et pour lesquelles notre langage est dénué de ressources. Toutefois, les âmes chrétiennes nous démentiront-elles, si nous disons que leur Christ, leur personne divine, se présente u, elles avec un corps qui n’est pas celui d’un homme comme les autres ; qu’il se transfigure à leur imagination comme à celle ’de l’apôtre Pierre ; qu’il retient en sa gloire diffuse quelques traits des grandes scènes de l’Église et des Livres saints ; à la fois radieux comme le soleil de Galilée, et triste et terrible comme Gethsëmané et Golgotha ; enveloppé des nuées et des éclairs du Sinaï, et subtil et léger comme