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Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/319

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J.-J. GOURD. LES TROIS DIALECTIQUES. 315

le vent doux de THoreb ? Craignons aussi dejustifier des anthropomorphismes grossiers et enfantins-. Toutefois, oubliera-t-on qu’en nous dégageant de la notion de l’être universel, ainsi que des coordinations de la science Théorique, nous avons acquis de singulières libertés de représentation, et que le dernier moment d’une dialectique n’est pas le plus adéquat à la réalité, mais celui qui met le plus en valeur son objet ? Certes, nous sommes loin maintenant de la conscience primitive. Entre l’élément simplement- incoordonnable des événements ou de nos actions, et la personne divine douée de mémoire et revêtue d’un corps représentatif comme elle, il y a une grande distance. Mais cette distance n’est pas plus grande qu’entre la connaissance qui précède la science et celle que procurent les classifica- ••̃̃ tions infiniment subtiles dû phénoménisme.

Ces déterminations suffisent, et la dialectique peut s’arrêter. L’unité de l’absolu, que la transcendance divine avait laissée flottante, vient de se fixer par le choix d’un hors la loi concr,et qui symbolise à. la fois tous les autres et leur abstraction. D’autre part, la pensée de cette unité s’affermit sensiblement par l’élargissement que lui procure la personnalité divine avec ses déterminations successives. Enfin, l’objet religieux, repla’cé dansles conditions normales de la vie affective," va se viviQer et s’animer ; maintenant il pourra provoquer l’amour. Il n’y a donc pas lieu d’aller plus loin dans ce sens, ni de procéder à un nouveau travail dialectique : Sans doute, on pourrait constater dans nos résultats : encore des mollesses, des hésitations, et aussi un reste de dualisme. Avouons même que nous n’avons progressé à certains égards qu’en reculant à d’autres. Car enfin, en,replongeant l’absolu dans le concret, n’en avons-nous pas à ,1a fois émouss’é’.et aiguisé le relief ? C’est ainsi, d’ailleurs, que le phénoménisme avait rétréci le champ de la connaissance pour pou •̃ voir lui donner plus d’extension ensuite. Mais une limite de genre s’impose, sous peine de stérilité ou de contradiction, à la coordination intensive aussi bien qu’à la coordination extensive. Pour ne pas compromettre ce que nous avons obtenu, nous sommes bien obligés de borner nos exigences. Cela n’empêche pas la dialectique religieuse d’atteindre pleinement son but.

V. Vers un nouveau point de départ. ,– Mais, en somme, quel étrange résultat !– Et d’abord, on peut dire que c’est la disparition de la dernière vérité de fait, et le règne de l’artificiel sur toute la con-