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316 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

science. Artificiel, en effet, le monde de la science ; artificiel, le monde de la morale ; artificiel, le monde de la religion. Artificiel, à plus forte raison, le monde total auquel aboutissent la science, la morale, et la religion réunies. – Et ce monde total n’est pas moins hétérogène qu’artificiel. Certes, nous ne nions pas qu’entre les trois dialectiques on ne puisse établir des rapprochements et même constater des influences. La richesse spirituelle provoquée par" l’une profite ordinairement aux autres. Ainsi, après les coordinations de la science, les coordinations morales semblent à la fois plus urgentes et plus faciles ; et, réciproquement, l’habitude de l’ordre dans la conduite entraîne le besoin de l’ordre dans la connaissance. De même, l’agrandissement de la conscience sous la poussée scientifique, et morale constitue une bonne préparation à la vie religieuse et, réciproquement, la hausse spirituelle due à la religion se traduit par un engagement plus décisif, par une fidélité plus résolue, à l’égard de la loi morale, ou bien par un désir nouveau d’étendre la connaissance scientifique. Tout cela est vrai, et cependant il reste une profonde séparation entre les résultats des trois dialectiques. Comme les divers hors là loi qui constituent le Dieu transcendant, ils s’additionnent, mais ils ne se pénètrent pas ; et, s’ils forment une unité, ce n’est qu’une unité externe et de termes divergents. Comment donc nous y tenir en toute satisfaction ? Comment, après avoir parcouru les divers stades de ces divers mouvements, ne pas éprouver un ardent besoin de conscience une, vraiment une, de réalité spontanée, concrète, primitive, de vérité et de valeur de fait ? Et c’est ainsi qu’il nous reste une dernière étape à accomplir. Nous allons essayer maintenant de dépasser toutes les dialectiques, la dialectique elle-même en sa généralité. Mais, comme précédemment, ’nous n’avancerons qu’en bénéficiant de ce que nous laisserons en arrière.

II ne faut pas croire que la réapparition de la conscience une, concrète, primitive, attende ce moment. En étudiant de près les conditions delà conscience, on s’aperçoit bien vite qu’elle se renouvelle irieessamment, même quand elle persiste dans la même direction. La conscience n’est, à rigoureusement parler, qu’une série de consciences, ou encore de faits de conscience, tous liés les uns aux autre ?) mais tous ayant leur existence propre. Et, comme chacun d’eux commence par être affectif avant d’être intellectuel, concret avant ci’être abstrait, psychique avant .d’être physique, le travail