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G. RENACLE. – RECHERCHE D’UNE MÉTHODE EN PSYCHOLOGIE. 321. .£’0

G. RE^MACLtE. – RECHkkuhe 1) uiis ju.ii.i-uu un jcii r^iuuv^uu.i-. «~ ,f ment par l’âme dans son mouvement vers la connaissance ou, comme nous disons, la réalisation d’elle-même. Il n’est qu’un secours extérieur qu’elle appelle à l’aide d’un pré-jugé (prae-judicium) 1 intime. Et ce qui donne dé la force au raisonnement, c’est précisément la force de ce pré-jugé intime. Chacun de nous a pu le constater l’on peut, en psychologie, nous faire le plus beau raisonnement du monde, nous n’y trouverons rien à redire et cependant nous ne ferons pas nôtre sa conclusion. Qu’entendons-nous donc par ces mots « n’y trouver rien à redire » ? Simplement ceci « n’y découvrir aucune f faute de logique, aucun défaut de forme ». Ce raisonnement est une forme parfaite, mais il ne trouve pas en nous de matière appropriée, de contenu réel. ̃ ̃

En psychologie, le raisonnement joue à peu près le rôle du cristal que l’on jette dans une solution sursaturée et qui fait se prendre en cristaux la masse liquide, si le cristal jeté est semblable à.ceux qui sont en puissance dans la masse liquide. Ces deux conditions, sursaturation et similitude, sont aussi celles du succès du raisonnement. Il ne réussit que s’il existe, au préalable, une somme suffisante de tendances subconscientes vers la solution de la question que prétend résoudre le raisonnement, et si, en outre, il y a tendance accentuée vers cette solution-là qu’apporte sa conclusion. Mais, dira-t-on, à quoi servent alors les prémisses ? Ne sont-elles pas un prius nécessaire ? Le raisonnement déductif (et nous croyons que le raisonnement inductif n’est qu’une forme de celui-là) conclut «du général le particulier, et c’est dans le général que se trouve le fondement du particulier. – Le fondement, non, du moins en psychologie, niais un instrument de maïeutique approprié au cas considéré. La conclusion du raisonnement déductif y sert à constater un état -profond de croyance et à le consolider en lui créant une forme intellectuelle ; et les prémisses montrent simplement comment le parti"culier subjectif qu’énonce la conclusion pourrait se doubler d’un caractère objectif, valoir pour d’autres consciences, et leur rendre le service que nous rend à. nous-mêmes cette forme intellectuelle en laquelle s’achèvent et s’illuminent nos croyances subconscientes. Et il faut bien que nous recourions à ce moyen de maïeutique% l’égardde nous et à l’égard des autres. Nous ne pouvons pas, en effet, influer 1. Nous écrivons pré-jugé, pour indiquer que nous prenons le terme dans son sens strictement étymologique et en écartant la connotation habituelle.