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directement sur nos tendances et croyances subconscientes (et encore moins sur celles d’autrui), puisque précisément nous ne savons pas quelles elles sont ; nous ne pouvons pas les faire passer de l’état subconscient à l’état conscient par ce moyen spécifique et naturel qui consisterait en une sorte d’intensification directe, non médiate, de processus trop faibles jusque-là pour se formuler en états de conscience bien définis et s’exprimer parla parole intérieure. Alors nous prenons un biais nous essayons divers processus conscients (nos prémisses) que nous supposons posséder un pouvoir d’amorce, comme

le cristal dont nous parlions tout à l’heure. Nous faisons l’essai de

ces processus conscients, capables, croyons-nous, d’amener le processus subconscient à la conscience d’abord sous une forme encore vague, confuse, peu déterminée ; ensuite, sa détermination, lorsque nous aurons fait intervenir à son tour le processus conscient que nous appelons conclusion du raisonnement, se complétera et se précisera, si le processus à forme peu déterminée était bien celui qui contenait en puissance le processus qu’il s’agit d’amener sous une forme nette et bien déterminée à la conscience. Tel nous paraît être en psychologie le rapport entre les prémisses et la conclusion d’un raisonnement déductif et ici nous pourrions nous appuyer encore sur ce fait en apparence singulier, signalé par les logiciens (et en effet il doit être singulier dans une autre théorie que la nôtre), que la majeure du syllogisme contient déjà la conclusion d’une manière enveloppée. Certains en ont conclu que l’emploi de la forme syllogistique est un vain jeu de l’esprit. D’après ce qui précède, l’on voit que loin d’être un vain jeu, elle est exactement aussi utile que la « conclusion » à laquelle elle parait conduire elle est, comme cette · dernière, un moyen de maïeutique, mais et c’est la seule différence – un moyen à mettre en œuvre antérieurement à l’autre. Ainsi le raisonnement, occupant seul la sphère lumineuse de la conscience, nous dissimule notre essentiel travail psychologique. Celui-ci est ce processus intime qui, ne pouvant avoir pour tin la connaissance d’autres processus internes (puisque, subconscient lui-même, il ne saurait se distinguer d’eux et se les donner comme objets) ne peut avoir pour fin que lui-même, c’est-à-dire doit être, ’comme nous l’avons exposé mainte fois, un processus de réalisation pour soi. La vraie raison de nos affirmations profondes est donc non le raisonnement, mais un idéal subconscient, cause non efficiente, mais finale de ces processus de réalisation qui constituent