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A. SPIR. – LES FONDEMENTS DE LA RELIGION ET* DE LA MORALE. 349 nous avons la certitude de l’existence de Dieu, qui est le bien et le vrai pur, l’être parfait et constituant dans sa perfection la nature normale des choses. De l’autre côté, nous voyons la nature physique, dont nous sommes issus, dont nous ne cessons pendant cette vie de faire partie, et nous constatons que la nature physique repose sur des illusions ou des apparences, qu’elle est remplie de mal et d’anomalie. En principe, il y a, entre Dieu et la nature physique, un abîme infranchissable, une incompatibilité absolue. Dieu est le bien et le vrai pur. Le bien exclut et condamne absolument tout ce qui est mauvais, et le vrai répugne absolument à toute communauté avec le faux, l’erreur et le mensonge. Dès’ qu’on méconnaît le moins du monde cette incompatibilité absolue entre Dieu et l’anomalie qui remplit et même constitue le monde physique, la. conscience morale en est faussée et tout le domaine de la pensée désorganise sans ressource, comme le prouve l’histoire de toutes.les religions et de toutes les philosophies. Car méconnaître cette incompatibilité, c’est méconnaître le sens même de la distinction du bien et du mal et de celle du vrai et du faux. Dieu ne peut donc être considéré ni comme la cause ni comme la substance des choses de ce monde, puisqu’il ne peut avoir rien de commun avec les éléments anormaux de la nature physique. Néanmoins, nous ne pouvons douter qu’il n’y ait, entre Dieu et le monde, un lien, tout incompréaen’siblé qu’il soit, puisque Dieu est la nature normale des choses.’ Nous pouvons d’autant moins en douter que c’est en nous-mêmes surtout que ces deux choses se rencontrent d’une manière manifeste. En effet, nous sommes des produits de la nature, n’existant que par la force d’une illusion et étant soumis, même quant à notre pensée et aux manifestations supérieures de notre vie, à des conditions, ou au moins à des restrictions physiques ; mais en même temps nous nous connaissons comme enfants de Dieu et comme organes du divin dans’ce monde. Car l’idée de Dieu ou de’l’absolu est notre loi logique fondamentale, le principe de toute certitude rationnelle, et la tendance vers Dieu, c’est-à-dire vers le bien vrai ou absolu, est la loi de notre nature morale. Nous constatons en Dieu la nature normale des choses, par conséquent notre vrai moi, et la conscience de cette parenté et communauté avec Dieu nous ravit à tout jamais au néant. C’est donc là le fondement de notre vie spirituelle, et il ne faut jamais le perdre de vue.

Si l’on fixait- son attention exclusivement sur ranomalie qui rein-