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Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/405

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R. EUGKEN. – LA PHILOSOPHIE ET LE .MOUVEMENT RELIGIEUX 401 • m ;n’çî nmis v avnnç rî^pnnvprl" anfpfi phnsp. mip nnns n’siff Anrïinna • mais nous y avons découvert autre chose que nous n’attendions ; plus la tâche exige l’emploi de toutes nos forces et de toutes nos pensées, plus nous éprouvons douloureusement l’impuissance de notre travail à promouvoir l’essence intime de l’homme, à apaiser, sa soif de bonheur. Mais du même coup il doit naître dans notre esprit un doute sur la valeur absolue du travail fourni, nous devons en venir à nous demander si la civilisation moderne ne consiste pas à un trop haut degré dans un pur et simple déploiement extérieur de’nos forces, à un trop faible degré dans une éducation de notre être intérieur, si, par delà l’action fiévreuse qu’elle exerce sur le milieu environnant, elle ne néglige pas les problèmes relatifs à l’in-( térieur de l’homme même. En même temps se révèle une lamentablej absence de forces morales, nous sommes désarmés en face des ! intérêts égoïstes et des passions monstrueuses, nous voyons I’huma4 nité se fragmenter en un nombre toujours plus grand de partis hos-h tiles. Mais dans ces incertitudes voici que les antiques, les éternels problèmes surgissent de nouveau, compagnons inséparables du cours de notre histoire. Sans doute ils n’avaient pas, dans les siècles précédents, trouvé leur solution définitive,,ils avaient pourtant été dans une certaine mesure assoupis. Maintenant au contraire ils reparaissent, sans atténuation et sans voile ; ce qu’il y a d’énigmatique dans l’existence humaine, l’obscurité des deux problèmes « D’où viens-je ? Où vais-je ? » la puissance inquiétante de l’aveugle nécessité, de l’accident et de la misère dans nos destinées, ce qu’il y a de bas et de vulgaire dans l’âme humaine, les complications graves de la vie sociale, tout cela agit sur nous avec une force que rien ne contient plus. Mais tout cela ensemble nous amène à la question de savoir si notre être, d’une façon absolue, possède un sens et une valeur, s’il n’est pas brisé par une contradiction si profonde, que jamais nous ne pourrons atteindre à la félicité ni à la paix. Le conseil que. Voltaire nous donne dans Candide : « Travaillons sans raisonner, c’est le seul moyen de rendre la vie supportable », ne sert de rien contre un doute aussi grave ; car nous ne pouvons pas travailler de l’esprit sans raisonner, et nous souffrons précisément de ce que notre travail ne remplit pas notre vie. De même la pensée de ’Yauvenargu.es, chaleureusement approuvée par Comte « Le monde est ce qu’il doit être pour un être actif, c’est-à-dire fertile en obstacles », ne nous donne pas une solution elle serait suf- – – ûaajote_au_cas seulement où nos forces seraient devenues égales aux e