Aller au contenu

Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/407

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

` R. EUCKEN. – LA PHILOSOPHIE ET LE MOUVEMENT RELIGIEUX. 403 venu à la pleine conscience de soi-même, est-ce que tous les autres besoins ne reculeront pas, tant que celui-là n’aura pas trouvé sa satisfaction ? Car c’est le souverain bien qui est ici en jeu, et rien ne peut prétendre avoir pour nous une valeur, si, en ce point décisif, l’homme est à la merci des puissances hostiles. II

Que le mouvement actuel de retour à la religion doive être pris au sérieux, cela ne peut donc pas faire doute. Mais alors, quelle direction doit prendre l’aspiration religieuse ? c’est ce qui soulève bien des discussions, et, dans ces discussions, la philosophie aussi doit prendre position. Aux esprits excités par la lutte et la recherche, le système ecclésiastique offre d’abord son appui, cette organisation imposante qui repose sur les grands piliers de l’autorité et de la tradition ; à ce point de vue la confusion de la pensée moderne, la perte que la civilisation a fait subir à l’homme de ses fins idéales essentielles, n’est que la constatation de l’échec de toutes les tentatives faites pour frayer, en opposition à l’Église, des voies nouvelles l’Église exige donc un renoncement aux fins idéales des temps modernes et un retour pur et simple à l’ancien ordre de choses, une soumission pleine et entière aux règles traditionnelles. C’est ce qui doit affranchir l’homme de tous les doutes du temps présent, et donner à sa vie un contenu inattaquable. Que l’idée d’une pareille solution soit née du besoin de trouver une position fixe, dans la confusion de l’époque, c’est ce qui est parfaitement compréhensible ; on se demande seulement si ce retour est possible à si peu de frais, et s’il est vraiment capable de produire le relèvement de la vie humaine, qu’il promet. Nous sommes tous actuellement enclins à critiquer très âprement les tendances modernes ; et, notamment, l’imperfection de la philosophie des lumières, avec son rationalisme et son optimisme, ne fait pas le moindre doute. Mais Fœuvre des temps modernes ne s’épuise pas dans ces tendances problématiques ; elle s’étend beaucoup plus loin ; elle n’a pas seulement modifié une quantité innombrable de vues I particulières, elle a encore, par des résultats positifs, renversé intégralement notre conception de l’univers, notre manière de penser et de sentir ; ces transformations ont pénétré si profonde- | ~ment-éa-ns~nolEfi_être que nul ne saurait s’y dérober de ceux qui J,