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Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/408

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404 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

veulent participer au travail de création spirituelle du temps présent. Mais ce système ecclésiastique s’est radicalement tenu à l’écart des mouvements des temps modernes ; c’est pourquoi le reprendre purement et simplement, sans modifications, ne signifie pas autre • chose que chercher un refuge contre notre temps dans une époque antérieure ; et, que la chose n’est pas si aisée que cela, c’est ce qui { ressort immédiatement d’un examen plus attentif de l’ceuvre accomplie par les temps modernes.

Les temps modernes assignent, tout d’abord, au sujet une position nouvelle ; le sujet n’est plus un simple fragment d’un ordre de choses donné, recevant de l’extérieur son contenu, et n’ayant, en thèse générale, de valeur que par le résultat de ses actions sur le milieu environnant ; il devient le point central de la vie et la fin en soi de l’effort. Sur le domaine de la philosophie c’est Descartes particulièrement qui a fait triompher cette conception, dans la mesure où il a reconnu dans le sujet pensant un nouveau point d’appui d’Archimède, pour soulever et mettre en mouvement la réalité tout entière. La direction qui va de l’objet au sujet, après avoir régné pendant des milliers d’années, doit maintenant céder le pas à la direction inverse, du sujet à l’objet ; à présent rien ne peut plus influer sur nous, venant de l’extérieur, sans modification le choc extérieur n’est plus qu’une occasion, c’est l’interne lui-même qui doit produire le fait. L’interne ne peut sortir de son cercle propre que conformément à des principes qui sont en lui ; même un absolu ne peut pas lui être donné de l’extérieur, il faut d’abord qu’il participe de l’interne, qu’il se manifeste dans le procès vital. L’homme moderne exige que ce qu’il devra reconnaître comme vrai lui soit présenté avec une absolue clarté ; cette exigence lui fait faire une distinction tranchée entre un fait et l’interprétation du fait, entre ce qui est vécu immédiatement et ce qui est obtenu par des conclusions, il cherchera à tracer clairement les limites de la faculté de penser et à rester consciencieusement en deçà de ces limites ; le clair-obscur du pressentiment, du symbole, de l’allégorie, expédients favoris des époques antérieures, s’évanouit devant le besoin nouveau d’une vie où la pensée soit parfaitement éveillée. Tout cela ne contredit pas assurément les vérités religieuses fondamentales, mais d’autre part cela peut-il si facilement s’identifier avec la forme ’médiévale de la religion ?

Encore plus considérable est l’effet produit par l’émancipation