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R. EUOKEN. – LA PHILOSOPHIE ET LE MOUVEMENT RELIGIEUX. 411 _1- -1- --tt-

croire une chose n’est pas une preuve de l’existence de cette chose » (Voltaire). Comment pourrait d’ailleurs une telle religion, d’inspiration toute subjective, jamais avoir un contenu clair et distinct, indépendant des contingences individuelles, et comment pourrait une telle religion réagir sur l’homme pour l’affermir, le relever, le transformer, comment lui procurer la force de dépasser le monde donné, pour s’approprier un monde -nouveau plus essentiel ? Mais c’est le besoin d’un tel monde qui aujourd’hui pousse l’humanité vers la religion elle ne peut donc en aucune façon trouver sa satisfaction dans Je développement d’illusions agréables, qui au fond ne sont pas autre chose que le substitut débile d’une religion authentique.

Une telle religion, l’homme ne peut la tirer de sa vie intérieure qu’à une condition c’est que cette vie intérieure soit soumise à de grandes et invisibles relations, qu’avec l’apparition de la vie spirituelle un plus haut degré du développement universel commence, et qu’à ce degré l’individu ne constitue pas un point isolé, mais qu’il participe d’une façon immédiate à l’univers c’est seulement si un progrès universel s’accomplit en nous et par nous, si ’l’homme est capable de le transformer en action personnelle, que nous pouvons avoir des expériences de quelque chose de surnaturel, que des forces divines peuvent jaillir de nous-mêmes-et nous exalter au-dessus de toutes les petitesses humaines. Alors seulement encore il est possible de donner à la religion un fondement philosophique. Nous ne nous dérobons ainsi en aucune façon à toute métaphysïque, elle est seulement transférée de l’extérieur à l’intérieur ; les notions de notre essence et de notre être doivent être transformées ; dans le microcosme lui-même il y a quelque chose, du macrocosme à découvrir, s’il doit se découvrir en lui une voie vers-la vérité. Il faudrait pour cela opérer une séparation distincte entre la vie créatrice de l’esprit et la vie empirique de l’âme celle-là constitue une ’̃̃’ ascension de la réalité vers une unité interne et vers une pleine autonomie par là se manifestent non seulement de nouvelles formes, mais encore un contenu nouveau de la vie. C’est sur ce terrain qu’il faut poser le problème religieux il s’agit de vérifier si la réalité de la vie spirituelle dans son développement nous pousse impérieusement, à dépasser le monde donné, et nous unit à un êtrej • divin. Le problème religieux requiert donc un traitement non psy-’ chologique, mais noologique seul ce traitement pourra nous faire _~»