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Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/464

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460 REVUE DE MÉTAPHYSIQUE ET DE MORALE.

combat. Et au nombre de ces modifications possibles, nous compterons, non pas seulement les modifications fatales, résultant quasi mécaniquement des conditions propres à la vie sociale, mais encore les modifications voulues, résultant de l’adaptation consciente de certains moyens à de certaines fins. Et en effet, quels que soient les rapports derniers de la nature avec la pensée, c’est un fait que ces individus qui composent la société sont des êtres pensants, et, comme tels, capables d’accommoder, aux fins qu’ils se posent, les moyens dont ils disposent. Ce n’est rien moins que cette « nature » qu’on oublie lorsqu’on déclare que, devant telle ou telle « loi naturelie », l’homme n’a qu’à se croiser les bras et à endosser les effets, même nuisibles la connaissance qu’on lui donne de ces lois mêmes ne le met-elle pas, déjà, sur la voie des moyens propres à les éluder ? Faut-il rappeler que les progrès de sa science sont en même temps ceux de sa puissance, et que, obéissant à la nature, il devient son vainqueur ? En ce sens, nous dirons si l’on veut que, pour naturelle qu’elle soit, la société est à bien des égards faite contre la nature, et, sur plus d’un point, organise délibérément la résistance à certaines injustices naturelles au nom des fins qu’elle se propose, elle est capable d’imposer aux luttes qui s’engagent entre ses éléments, certaines conditions qui en modifient les résultats. Et c’est pourquoi ° si l’on veut juger du bien ou du mal fondé des réclamations égalitaires, la véritable question à se poser n’est pas « Sont-elles, ou non, conformes aux lois de la nature ? » mais « Sont-elles conformes, ou non, aux fins de la société ? »

C’est seulement en fonction de ces fins une fois déterminées qu’il est possible d’établir une échelle des valeurs morales et d’y marquer le rang de telle idée pratique. La moralité d’une réforme sociale ne peut avoir pour mesure que son rapport à l’idéal une fois fixé. Si nous voulions, en conséquence, prouver la légitimité de cette idée d’égalité dont nous avons essayé d’indiquer les origines et = le sens, notre souci ne serait pas de montrer que, en fait, les différents individus sont capables des mêmes choses, mais de définir l’idéal de l’humanité et de démontrer que la reconnaissance des mêmes droits aux individus différents est un moyen de réaliser cet idéal. Aurions-nous fait admettre, par exemple, que le devoir de l’homme est de réaliser la raison ? Précisant alors ses ordres, et, remarquant que e son principe << mêmes causes, mêmes effets », transpose dans l’ordre pratique, parait s’y exprimer par le précepte « mêmes actions,