C. BOUGLÉ. – ANTHROPOLOGIE ET DÉMOCRATIE. 461. mêmes sanctions », nous essaierions de prouver que la raison réclame en effet l’égalité des droits des hommes. Aurions-nous reconnu que le devoir de l’homme est, avant tout, de viser l’intérêt social ? Précisant alors ses exigences et observant qu’une inégalité abusive risque de briser cette unité morale qui paraît nécessaire à la prospérité des sociétés 2, nous essaierions de prouver qu’un intérêt social bien entendu s’accommode en effet de l’esprit égalitaire. Suivant que nous nous arrêterions à l’utilitarisme ou au rationalisme, nous aurions ainsi à présenter, de ce même esprit, des justifications différentes.
Que celles que nous indiquons, à titre d’exemples, soient d’ailleurs sujettes à discussion, qu’une morale pénétrée de l’idée de solidarité ne doive peut-être voir dans l’idée d’égalité qu’une idée provisoire, et dans ses exigences qu’un « moment » de la dialectique sociale, nous pouvons le reconnaître nous voulons seulement noter ici que c’est par de telles discussions d’idées, non par de pures et simples constatations de faits qu’on décidera méthodiquement ; si, oui ou • non, nous devons nous prêter ou résister aux progrès de la démocratie.
S’il est vrai que, en. déclarant les hommes égaux, nous portons un jugement non sur la façon dont les a faits la nature, mais sur la façon dont la société doit les traiter, les crâniométries les plus précises ne sauraient ’nous donner ni tort ni raison. En croyant qu’il appartient à des observations scientifiques de juger, en dernier ressort, de la valeur de cette idée pratique, l’anthropologie oublie que les questions sociales ne sont pas seulement questions de faits » mais encore et surtout « questions de principes ». C. BODGLÉ.
. Voir, dans cette Revue même, l’article de M. Lapie L’année sociologique , la Morale sociale.
. V. Schmoller. Grwndfragen des Hechts und der Volksvnrlleschafl.
