G. remacle. La métaphysique de « Scotus Novanticus 1>. 618
sans lequel ils n’existeraient plus, on enjoint, par les mots « a posteriori
n, un autre qui les qualifie par leur origine. Leur origine
ceci rend la notion des plus obscures. En les appelant catégories,
j’entendais dire qu’ils avaient leur origine dans la Raison, qu’ils lui
devaient l’être qu’ils possédaient, quel qu’il fût. Et cela était clair.
Mais voici qu’on ajoute que leur origine n’est pas là, qu’elle est dans
la Nature, dans l’expérience sensible. Pour échapper à la plus flagrante
contradiction, on alléguera qu’on entend par là que, sous le
’rapport de la forme, ce que nous appelons catégories a posteriori a
son origine dans la Raison, et, sous le rapport du contenu ou de la
matière, a son origine dans l’expérience sensible. Cela aussi semble
clair, satisfaisant, et pourtant un peu de réflexion nous montrerait
que ce n’est rien moins que satisfaisant. Abstraire la forme de la
matière est illégitime. On ne conçoit pas une forme sans matière, ni
une matière sans forme. Si les sens, par exemple, apportent la
matière à ce que vous appelez la catégorie a posteriori de qualité, elles
l’apportent inséparablement d’une certaine forme et d’une forme qui
n’en peut être abstraite sans que la matière qu’elle informait s’anéantisse
en même temps. La forme est toujours la forme de (propre à,
essentielle à) la matière, la matière est toujours la matière de (propre
à, essentielle à) la forme. C’est aller contre les lois de la concevabilité
que de soutenir que l’existence de l’une n’est pas liée indissolublement
à celle de l’autre leur sort est commun, comme l’est dans
un cercle celui du rayon et de la circonférence. Elles se conditionnent
réciproquement. Par conséquent si l’expérience sensible nous
apporte la matière de la catégorie de qualité, par exemple, elle l’apporte
avec une certaine forme inséparable. Et alors la Raison n’a pas
à intervenir, à coopérer à la formation de la soi-disant catégorie ; y
coopérer par l’apport d’une forme serait anéantir la donnée du sens,
matérielle aussi bien que formelle. Ne disons donc pas qu’il y a des
catégories a posteriori, mais concluons que toute catégorie est a
priori. Ou, s’il nous plaît de conserver le terme catégories pour les
données de l’expérience, disons qu’il y. a des sensibles catégoriques
ou des catégories sensibles, et nous attacherons à ces termes le sensque
nous pourrons (je ne-me charge pas de l’indiquer) ; mais il ne
pourra plus être question de les mettre dans quelque rapport que ce
soit avec les catégories a priori (ou, comme c’est une tautologie,
avec les catégories). Étant parfaites telles qu’elles sont, ne pouvant
subir aucune élaboration, aucune transformation sans s’anéantir, ` r