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C’est à ce titre qu’elle nous intéresse, et, si nous croyons utile d’en rendre compte, c’est beaucoup moins pour discuter les thèses particulières qu’elle renferme, et que la compétence du savant professeur a su rendre pour la plupart séduisantes, sinon inattaquables par le profane, que pour en apprécier l’intention générale en ce qui concerne la doctrine de l’évolution. ̃-•-̃’
L’occasion est bonne, et nous en profitons. Car .c’est véritablement un cas « privilégié » que celui ’dotit il s’agit ici. Les phénomènes linguistiques relèvent à là fois de la biologie et de la psychologie. Par une extrémité ils touchent aux fonctions strictement mécaniques de l’être vivant, et par l’autre ils se perdent dans les profondeurs de ï’intellectualité.Ils dessinent une série linéaire, aux éléments mobiles, sur laquelle il est impossible de choisir un point fixe, et, quand on leur applique la méthode évolution’niste, on ne sait guère ce qu’on doit en attendre si l’on prétend simplement retracer l’histoire de l’un quelconque de ces éléments, considéré aujourd’hui à la place qu’il occupe dans la série, ou donner les raisons du fait même de cette sériation, en laquelle se réfracte l’idée du langage dès qu’on la soumet au prisme de l’analyse.
’l L’ouvrage débute par un essai de définition." C’est devenu un lieu commun dé parler de la « vie du langage ».’0r’« il, n’y a pas de langage il n’y a que des mots. Il n’y a pas même de mots ; il n’y a que des émissions vocales qui frappent l’air et éveillent en notre esprit un sens plus ou moins clair au moment précis où elles se produisent. Le’môt, au point de vue du langage articulé, n’est donc autre chose que l’entité abstraite de toutes les émissions" vocales, actuelles ou possibles, de tous les sujets parlants. Et la langue, à" son tour, n’est que-la somme imaginaire de ces entités multiples, compris les relations, également, abstraites, qui sont susceptibles de les relier entre elles. Bref, il n’y pas plus de "langue/ française qu’il n’y a quelque part une personne physique incarnant la République française,* la sélection sexuelle ou l’horreur du vide dans la nature » (p. -l). La catégorie du langage n’est donc qu’ « une’ abstraction sans réalité extérieure » (p. 3).
A notre avis, la conclusion laisse à désirer,càr il faudrait s’en : tendre sur 1a « réalité extérieure ». Dira-t-on que la chaleur, pour le physicien, n’est qu’une abstraction sans réalité" extérieure, parce qu’il n’existe réellement que des sensations thermiques et qu’il ne tombe sous nos sens que ’des changements de volume ou d’état, des