Page:Revue de métaphysique et de morale, 1897.djvu/80

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différent essentiellement des explications en termes de phonétique, de morphologie ou de toute autre branche de la grammaire comparée. Les deux langues diffèrent, sans .doute. Les procédés sont à peu de chose près .les mêmes. Ils se ramènent à uninventaire complet des faits et à leur description de plus en plus exacte par le moyen de la classification et du groupement par ressemblance, ou, ce qui revient au même, dans le temps, de la constatation d’une répétition. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’une des langues, la. langue du mécanisme, de la physico-chimie et’ de la biologie, est incomparablement plus riche et plus usuelle. D’où la tendance fort légitime à lui demander des moyens d’expression que l’autre n’est pas en état de fournir. C’est pourquoi la « vie du langage », au sens dans lequel on s’était jusqu’à présent servi de cette expression, n’est pas une métaphore plus osée, si l’on y réfléchit, que l’expression « vie des mots » au sens préconisé par M. Henry de modification organique d’éléments cérébraux. Bien plus, les raisons qui lui ont fait adopter celle-ci entraînent tout un cortège d’hypothèses invérifiées, et peut-être à jamais invérifiables, tandis que la première implique des analogies, incomplètes, il est vrai, mais commodes et nullement aussi compromettantes.

En réalité, cette réforme, si c’en est une, émane de la seule nécessité de rattacher des faits singuliers ou nouveaux à des uniformités antérieurement constatées. Et ce qu’il faut comprendre, c’est que, par le recours à la physiologie, on arrivera sans doute à mieux concevoir, à mieux voir certains faits, mais qu’on n’apercevra rien qui ressemble à une cause, la cause physique étant une abstraction. au même degré que la loi linguistique. Ce fantôme de la cause, qui nous hante sans cesse et que nous ne touchons jamais, on ne saurait trop le pourchasser pour ce qu’il nous masque le mobile véritable du progrès scientifique obtenir une description de plus en plus claire et une systématisation de plus en plus large des faits. Ce serait donc une grave erreur de. s’imaginer que la recherche de la cause physiologique déterminant un phénomène quelconque du langage, puisse dispenser d’envisager le même phénomène ensuite au strict point de vue linguistique.

Dans un second chapitre l’auteur aborde les questions d’origine et ,développe les hypothèses relatives aux modifications graduelles qui ont .amené le langage réflexe des animaux, par une série de transi-