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Page:Revue de métaphysique et de morale, année 16, numéro 6, 1908.djvu/104

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d'une substance, rien logiquement ne s'oppose jusqu'à présent à ce qu'il y ait autant de substances que d'attributs, et Spinoza, par plus d'une expression, réserve cette possibilité logique qui ne sera effectivement annihilée que par l'introduction d'une autre idée.

Que même l'admission d'une pluralité irréductible de substances doive être la conséquence de la proposition d'après laquelle une substance ne peut être produite par une autre, c'est ce que déclarait Oldenburg à Spinoza. Spinoza proteste brièvement là contre, et si la vivacité de sa protestation manifeste ce qui par ailleurs était déjà bien certain, à savoir qu'il a adhéré dès l'abord et, que dans l'élaboration de sa doctrine, il est resté invariablement fidèle au « panthéisme », elle laisse aussi la faculté de prétendre que ce n'était point là le terme logique du simple développement de la notion de substance. Les raisons pour lesquelles Spinoza a adopté la thèse de l'unité de substance, et qui devaient correspondre à un sentiment originel très profond chez lui, nous sont très nettement indiquées par le Court Traité : c'est d'abord la conception de l'Infinité divine entendue de façon à comprendre en elle tout attribut et à n'en laisser subsister aucun en dehors d'elle ; c'est ensuite la conception de l'unité de la nature, invoquée principalement pour rendre compte de l'union, réelle elle aussi, de genres d'être qui, comme la pensée et l'étendue, n'ont rien de commun. Dans l'Éthique, c'est la première de ces deux conceptions qui intervient le plus visiblement pour préparer la conclusion, qu'en [