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Page:Revue de métaphysique et de morale, année 16, numéro 6, 1908.djvu/174

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théoriciens énergétistes (comme M. Ostwald) une sorte de véritable substance métaphysique, un être en soi. Assurément, les mécanistes ne tombent pas dans cet excès; mais c’est qu’alors chez eux les atomes, incréés, indestructibles, indéformables, étrangers à notre sensation, sont, comme chez Démocrite, des substances. En d’autres termes, l’esprit humain dès que, par le sens commun, il a saisi le concept d’une réalité extérieure au moi, se montre impuissant à l’abandonner au cours de l’ensemble des recherches que nous désignons sous le nom de science. «Seuls les habitants d’un asile d’aliénés», dit Hartmann, «pourraient tenter des explications physiques à l’aide de concepts sciemment irréels». Il n’existe donc pas, il n’a jamais existé et il n’existera sans doute jamais de science véritablement positive, c’est-à-dire dégagée de suppositions sur la nature de la chose en soi. La science part du sens commun; au début le monde du réalisme naïf en fait, nous l’avons vu, partie intégrante. Si donc on s’interdit toute théorie, si l’on se contente de rechercher des rapports, ce seront des rapports non pas, comme on a l’air de le supposer tacitement, entre des sensations, mais entre des objets que nous percevrons ; en d’autres termes, la réalité de sens commun restera debout. Comme l’a bien vu Hartmann, le positivisme revient généralement, au point de vue métaphysique, à un réalisme naïf à peine déguisé.