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cette revue qui représente le courant positiviste de la pensée philosophique italienne, les articles de MM. R. Ardigô, le chef de l’école, sur « la philosophie telle qu’elle doit être conçue aujourd’hui par rapport à la connaissance scientifique », sur « l’acte volontaire comme acte réflexe », sur « les trois moments critiques de la gnostique de la philosophie moderne » (Hume, Kant, le positivisme), et enfin sur « le rêve et la veille » (M. Ardigò veut démontrer que la pensée de la veille ne diffère pas essentiellement de celle du rêve, et que l’âme, la psyché, n’est rien qu’une formation naturelle biologique, analogue à celle des appareils des divers organes) ; — G. Danesco sur des « études de psychologie gnoséologique » et sur « la métaphysique de la sensation » ; — G. Marchesini sur « l’équivoque de la conscience moderne » (l’auteur défend les droits de la science, qui, sans heurter les droits de la foi, se présentent avec des caractères différents, et, par un côté, supérieur) ; — G. Tarozzi sur « le devoir civique et moral du professeur dans les établissements d’enseignement secondaire », et sur « l’inspiration humanitaire dans l’art » ; — C. Ranzoli sur l’idéalisme moderne, dont il analyse les origines, et qu’il confronte avec le positivisme ; — B. Varisco sur « les droits du sentiment » ; L. Limentani sur « une théorie de la prévision psychologique ». — D’autres articles traitent de questions de philosophie morale et juridique, d’histoire de la philosophie, de science, de pédagogie : M. G. Galdi étudie « la théorie de l’équilibre en pathologie » selon Le Dantec. — Nouvelle rubrique, intitulée « Questions variées ».

Nouvelles revues italiennes. — Pendant que la Rivista filosofica, sous la direction du docteur E. Suvalta, continue la Rivista italiana di filosofica, dirigée, jusqu’à sa mort, par Carlo Cantoni (signalons le numéro de novembre-décembre qui contient plusieurs articles consacrés à l’œuvre du grand philosophe), pendant que, la Rivista di filosofia et scienze affini, patronnée par Ardigô, l’autre patriarche de la philosophie italienne, poursuit, sous la direction du professeur Marchesini, le cours de son existence, trois nouvelles revues viennent de paraître, signe, comme dit la préface de l’une d’entre elles, de « la faveur croissante qu’acquièrent constamment en Italie les études philosophiques ».

La Cultura filosofica est une simple revue critique. Elle est dirigée par M. F, de Sarlo. Chaque numéro, mensuel, contient trois ou quatre études approfondies sur des ouvrages récents, suivies de courtes « recensions » consacrées à d’autres ouvrages jugés moins importants. Le point de vue auquel se placent les critiques semble être celui du rationalisme classique : les analyses sont consciencieuses et les discussions qui suivent les analyses, paraissent méditées et judicieuses.

Les deux autres Revues présentent un caractère différent : c’est une inspiration religieuse et mystique qui y règne. Il Rinnovamento, « revue critique des idées et des faits », est sinon dirigée par M. Fogazzaro, tout au moins publiée sous son patronage moral. Convaincus que « Cristianesimo è Vita », les rédacteurs veulent allier l’absolue liberté de la recherche intellectuelle avec le respect pieux de la tradition et de l’institution catholiques. « Associer l’action à l’idée, dans les limites de nos facultés, nous parait un devoir. Quelques-uns de nous sont des hommes de foi, d’autres sont des hommes de science. Ce qui nous unit, c’est le commun propos de travailler pour la vérité, pour en accroître la lumière, pour en propager le désir et le culte. Nous voulons avant tout concentrer une lumière rationnelle sur le problème religieux dans ses termes plus généraux. » Ainsi s’exprime M. Antonio Fogazzaro, dans un premier article intitulé « Pour la vérité », et il annonce en outre, « des lectures publiques d’un caractère scientifique par la sévérité de sujet traité et de la manière de le traiter, destinées par conséquent à un auditoire spécial et capable d’être ensuite vulgarisées dans la presse avec une utilité durable ». Trois articles suivent d’abord la traduction d’un chapitre du livre déjà vieux, où l’Anglais Edward Caird utilise le hégélianisme pour les besoins de l’apologétique chrétienne ; puis un article où M. Romolo Murri critique le parti socialiste italien, lui reprochant d’avoir abandonné sa mission proprement économique, pour devenir ce qu’avait été le parti républicain, un parti de dogme philosophique et religieux, et, pour mieux parler, antireligieux : enfin un premier essai de M. Antonio Garabasso, qui veut montrer l’intérêt philosophique que présentent les nouvelles recherches des physiciens sur la notion de temps, et étudie, à la lumière de ces recherches, la notion de temps chez Platon, Aristote, saint Augustin. Suit une chronique, fort complète, de la vie et de la pensée religieuse.

Le Coenobium est beaucoup moins orthodoxe encore que le Rinnovamento.