Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 2, 1908.djvu/14

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ness) ; et que, par suite, ces « moi » inférieurs ne sont que relativement, ou partiellement, distincts… car si les « moi » individuels comportent des relations entre eux — et cela ne fait point de doute — cette relativité nous est une garantie de l’existence d’un individu qui renferme tous les autres (all-comprehending Individual) » (p. 420). Quant au rapport de l’absolu aux individus relatifs, ce n’est pas un rapport de création, si l’on entend par là celui de cause à effet, mais bien un rapport de contenant à contenu (p. 105, et, 429). — On comprend que tout l’effort d’une pareille doctrine doive porter sur la nature intime de l’absolu. Miss Galkins a senti (p. 423-435) qu’il importait de montrer comment son absolu pouvait soutenir avec les divers « moi » individuels quelque relation que ce fût sans cesser d’être l’absolu, et comment il pouvait être absolu tout en étant, comme on l’affirme, une personne douée de pensée et d’affectivité. Il faut avouer que dans cette partie de son livre, l’auteur se meut au milieu des contradictions avec moins d’aisance que lorsqu’elle faisait œuvre d’historien, et ses vains efforts pour concilier des thèses inconciliables confirme, plus qu’elle ne le voudrait sans doute, l’opinion qu’elle déclare partager avec Paulsen sur la philosophie, qui n’est qu’un « problème », et toujours posé.

Recent progress in the study of variation, heredity and evolution, by Robert Heath Lock, M. A. fellow of Gonville and Caius College, Cambridge. 1 vol. in-8 de xv-299 p., London, John Murray, 1907. — Ouvrage d’excellente vulgarisation scientifique. L’auteur estime que désormais ce ne sont pas les vues théoriques et les spéculations philosophiques qui feront progresser la science de l’origine des espèces, mais bien les études expérimentales analogues à celles qu’ont déjà entreprises des biologistes hantés par des préoccupations bien différentes et dont cependant les doctrines paraissent aujourd’hui converger : Galton, Pearson, de Vries, Bateson, Johannsen, Gregor Mendel. Ce sont les résultats acquis par ces véritables observateurs que l’auteur veut exposer. Les doctrines anciennes de Lamarck et de Darwin sont très rapidement résumées. Spencer et Weismann sont eux-mêmes considérés comme des autorités un peu déchues, des représentants de théories dépassées. Mais ensuite vient un bon chapitre sur la biométrie qui se termine par de précieuses indications sur les récents travaux du professeur Johannsen, de Copenhague, relatifs aux variations continues (théorie des « lignes pures de descendance », de la sélection sans action à l’intérieur d’une ligne pure, efficace pour éliminer certaines lignes), — et par quelques pages, un peu insuffisantes, sur les études de Pearson relatives à l’hérédité psychologique. La théorie des mutations de de Vries est présentée avec un louable effort de distinguer les faits acquis de l’interprétation proposée par de Vries. Mais de toutes les découvertes du dernier demi-siècle celle qui apparaît à l’auteur capitale et féconde entre toutes est celle du moine Gregor Mendel, qui date de 1865, mais dont l’importance n’a été remarquée que depuis sept ou huit ans. Les lois de Mendel fondent la science exacte de l’hérédité. Elles confirment et complètent une multitude de résultats isolés obtenus dans le domaine de la cytologie : particulièrement elles éclairent les phénomènes complexes présentés par les chromosomes au moment de la maturation des cellules germinatives.

Ce qui dans cet ouvrage séduit le lecteur philosophe, c’est de ne pas y trouver une hâtive philosophie, un parti pris, un système comme on rencontre dans la plupart des ouvrages français de biologie générale. C’est un expose des faits et ces faits sont encore trop nouvellement et imparfaitement connus pour qu’on puisse les englober dans une théorie durable, pour qu’on soit en droit de choisir entre eux, de considérer les uns comme plus significatifs que les autres. L’auteur n’hésite jamais à indiquer les assertions opposées quand il y a divergence entre les assertions des biologistes : ainsi sa sympathie pour les belles découvertes de Vries ne l’empêche pas de rapporter les observations de Millardet qui les contredisent, bien que ces observations n’aient jamais été confirmées.


REVUES ET PÉRIODIQUES

Revue générale des sciences. — 15 janvier 1908. P. Duhem. La valeur de la théorie physique à propos d’un livre récent (p. 7-19). — Cet article est une étude critique sur la thèse de Rey : « La théorie de la physique chez les physiciens contemporains. » Cette thèse est à la fois une apologie et du mécanisme et de la valeur objective de la connaissance physique. M. Duhem reproche à l’auteur d’avoir confondu un peu trop ces deux questions distinctes : 1o « Les théories physiques sont-elles simplement des moyens d’agir sur la Nature ou bien, outre leur utilité, devons-