Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 2, 1908.djvu/22

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M. Boutroux. Il y a une « causa principalis » ; mais les stoïciens admettent aussi des causes antécédentes qui s’appliquent à tout, et c’est d’elles qu’il s’agit ici. Pour la classification des incorporels, il semble bien qu’elle soit purement empirique chez les stoïciens. Ils ont relègue là dedans les choses qui n’agissent ni ne pâtissent, et ils les ont simplement eaumér.ées, sans les relier entre elles. Les XsKié, le tôsco;, le >;p<Svq« n’ont de rapport avec tes «a^topr^atK que l’indétermination, et vous ne pouvez pas ramener toutes ces choses à la pensée. M. Bréhier. Toutes ces choses forment un même problème. M. Boutroux. C’est un résidu de la doctrine. Qu'allons-nous faire du vide, des >«ti? se disent-ils, et il les relèguent dans le fourre-tout des &o-&5ji«%œ. C’est une difficulté qui résulte des principes du système, mais qui ne fait pas partie de ces principes. Vous en exagérez peut-être on peu la portée. Elle aurait en effet une conséquence très grave, si c’était, la pensée même qu’on envoyait promener, comme vous le soutenez. M. Bréhier. J’entends : la pensée dialectique. M. Boutroux. Mais cette pensée tout abstraite, verbale, ils la séparent de la vi/YjSii. La pensée ne peut être isolée de l’être, être purement formelle» Mais ceci n’atteint pas la pensée vivante ils laissent subsister Vàt.rftust et VèRiGvftf.rr. M. Bréhier. C’est la pensée, en tant -qu’elle peut se systématiser, qui est atteinte. M. Boutroux. La pensée abstraite et purement formelle, voilà ce qui est atteint, et frappé de stérilité. J’attaque dans votre thèse le rapprochement de ’rationnel et de logique. Les stoïciens conservent la raison. M. Bréhier. Subsiste-t-il encore une logique? M. Boutroux. Il reste la vraie logique, celle du syllogisme, des sciences mathématiques. M. Bréhier. Je crois qu’on ne peut pas dans le stoïcisme distinguer trois choses la connaissance par la représentation compréhensive, une logique du réel et Sine logique dialectique, mais deux seulement, la première et la dernière. Ils admettent la connaissance parla pensée qui pénètre dans les choses; mais, avec une telle connaissance, pas de pensée dis•cttrsive possible. M. Lévy-Brühl. De la discussion précédente ressort la difficulté île compléter la doctrine stoïcienne. M. Brochard voit dans les stoïciens une logique très intéressante, pressentiment de Mil!. M. Hamelia considère cette thèse comme défera-:dabïe, avec certaines modifications. Votre conception n’est pas, je crois, conciliable avec ces deux thèses. M. Bréhier. Je crois à la fois que cette logique est une modification très importante de la logique d’Aristote et que ce n’est pas une Logique expérimentale. J’ai indiqué à plusieurs reprises mes dissentiments avec M. Broehard. M. Lévy-Brühl. Vous n’avez pas indiqué assez nettement vos divergences. Pour la distinction stoïcienne entre râ sâv et te îfto.v, vous tous appuyez principalement sur un texte de Plutarque ou de l’auteur iniîonnia de l’opuscule attribué à Plutarque. H v a quatre textes sur cette distinc-*tion, et c’est dans le teste de Plutarque, surtout que L’opposition. du %&v et de l’SXcv est soulignée, précisément, pour en montrer l’absurdité.’ Est-H de bonne méthode de s’appuyer ainsi sur le texte d’un adversaire, au moment même où il combat la doctrine qu’il expose, pour retrouver cette doctrine? Ne faut-il pas avoir la plus grande réserve, critiquer d’abord un document de cette nature? Je croîs que les conclusions que vous tirez d’an, tel texte ne peuvent être qu’aventureuses. – Vous faites un rapprochement avec Kant, p. 59. Mais le texte de Kant ne dit pas tout a fait ce que vous lui prêtez. Au lieu de « 11 n’y aurait point par conséquent, un rapport des choses dans l’espace, mais un rapport des choses à l’espace », le texte dit Il n’y aurait pas seulement, par conséquent, un rapport des choses dans l’espace, mais aussi un rapport des choses à l’espace. » Cette démonstration est faite, chez Kant. dans l’hypothèse d’un monde indéfini dans l’espace; la démonstration des stoïciens, au cisatroire, a lieu dans l’hypothèse d’un monde fini. M. Bréhier. J’ai simplement voulu mon- trer comment un penseur moderne pouvait voir dans la conception du monde fini une absurdité. M. Lévy-Brühl. Vous faites, p. ,26, un rapprochement des stoïciens et de Humé, à propos de la causalité. L’effort de Hume est de montrer que le rapport est synthétique. Jamais les stoïciens ne l’ont compris ’ainsi. M. ~a°é7zie3°. reste ceci de commun aux. deux systèmes que les faits sont considérés comme non rapprochés par eux-mêmes. ̃̃ •• ..̃ • M. Delbos. Vous apporter une thèse contraire à celles de M. Broehard et ée M. Hamelin, et vous ne nous prévenez pas suffisamment. Puis, il y a parfois dans