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Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 2, 1908.djvu/38

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cartes. Vous ne tenez pas compte de la chronologie. Vous ne pensez pas historiquement. P. 518, vous rapprochez Kant et Newton d’une façon extrêmement sommaire, faisant de Newton un précurseur de Kant. Newton a distingué les images des choses, que nous connaissons, et les choses. Mais cette distinction est tout à fait classique ; elle vient des mystiques et de saint Augustin : les hommes ne connaissent que les images des choses. C’est une doctrine courante qui n’a pas de rapport avec la doctrine proprement kantienne.

P. 129, vous vous posez la question : L’œuvre de Newton est-elle déductive ou expérimentale ? Pour vous, elle est expérimentale, non déductive. La déduction ne serait qu’accessoire. Je ne sais pas si l’alternative existait dans la pensée de Newton. Pour moi, je dirais plutôt : elle est déductive, parce qu’elle est expérimentale. Vous vous fondez sur le début de la troisième partie : « J’avais composé d’abord un petit traité avec une méthode populaire… » Je ne pense pas que ce soit pour fermer la bouche à ses adversaires qu’il a employé la déduction mathématique. C’était bien son but. La déduction vient là, après l’analyse ; mais l’analyse a pour but de fournir des principes à la déduction, et la déduction est bien ce à quoi Newton veut arriver.

M. Bloch. Pour le fait d’avoir présenté Newton comme adversaire de la déduction j’ai pris mes précautions dans le chapitre relatif à la Physique expérimentale et le Mécanisme. Ce qui caractérise Newton, c’est d’avoir donné à la déduction un rôle tout différent de celui qu’elle avait chez les philosophes a priori, Descartes par exemple.









Tout ce qui est physique mathématique est un travail de l’esprit en vue de tacoordination des faits. En cela, Newton fait de la physique mathématique. L’idée importante, c’est qu’on peut être déductif comme Newton, sans donner à la déduction un rôle prépondérant sur l’expérience. J’ai expliqué que certaines parties de l’optique, de ta mécanique étaient suffisamment parfaites, pour qu’on’pût

arriver alors à les aborder par la voie déductive. Par exemple, da théorie des forces centrales. Mais certaines parties de la science sont toujours en retard sur les autres ta mécanique céleste sur certains points est encore dans l’enfance (par ex. pour une grande partie de la théorie des planètes Il fau t que l’ex périence ai t amen é les objets à un certain point de maturité pour que la déduction puisse s’appliquer. La déduction joue un rôle essentiel ; seulement elle n’a pas te dernier mot. L’expérience a toujours le droit de contrôle. M. Boutrmix. – Nous sommes donc absolument d’accord.

Je crois que vous avez forcé la note sur un point sur la relativité de la certitude physique. Newton distingue la ratio des expériences. « Expérimenta et ali « e veritates cerise. » Chez Newton, on peut faire deux usages de l’expérience 1° faire des inductions toute induction n’est que provisoire 2° tirer de l’expérience la vérité sans induction. Cela nous parait aujourd’hui bizarre ; Mais c’est ce qui est indiqué dans la Rëgle : III. Les choses qui ne comportent pas le plus et le moins sont des natures absolues. Il faut les considérer comme Ses réalités absolues. Il parie du temps absolu, de l’espace absolu qui ont des propriétés s’apptiquantauxchoses.Ce sont des limites, dites-vous. Peu importe elles ne sont pas données par l’expérience, mais par la raison. H y a donc des données absolues et rationnelles chez Newton, et il y a dosopérations qui ne sont pas des inductions et qui permettent de tirer de l’expérience des vérités absolues. Dans la règle 1I1, il donne pour exemple l’inertie qui ne comporte ni plus ni moias. Que pensez-vous ̃̃̃ de ce double usage de î’expèrience ? i’ M. litoeh. Ce double usage de l’expérience, je l’ai en partie reconnu. En parlant des notions absolues, j’ai dit qu’elles ne comportaient pas le plus ni le moins. II y a des objets d’expérience que nous saisissons par une sorte d’intuition. Nature absolue veut dire nature plus inhérente a la matière..

M. Boulroux. Vous voulez réduire toutes les différences à des différences de degrés. C’est ce qui ne me parait pas exact. Newton cherche des choses exactes (accuralm) e, t pense qu’on en peut trouver. Pour l’hypothèse, vous n’avez peut-être pas suffisamment précisé sa doctrine. Le., h sens que vous attachez au fameux « Hypotheses non fingo », est un sens polé-’’̃̃̃̃̃ mique. C’estun peu court, L’hypothèse a un rôle indispensable et légitime, et New— "̃ ton en use. Ceci, tant que la science se fait.. Mais Sa science, une fois faite, ne contientpasd’hypothèse. Lorsqu’on obtient des acttti’ata, l’hypothèse disparaît. Dans la science faite, il n’y a que des réalités il n’y a plus place pour l’hypothèse. Newton croit ne pouvoir expliquer le réel qu’avec du réel, tandis que Descartes croit pouvoir expliquer le réel avec du possible, et pour lui le rôle de l’expérience consiste à déterminer, entre les possibles ration. nels, lequel se trouve effectivement réalisé.L’expériencen’adoncpaa en elle-même

de valeur explicative, toute l’explication