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Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 4, 1910.djvu/12

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une dizaine de pages des plus pénétrantes (p. 177-190). La critique de Hume sape par la base tout l’édifice de la théodicée intellectualiste, le concept de substance (p. 191), les preuves rationnelles de l’existence de Dieu, et notamment la preuve téléologique, uniquement fondée selon lui sur l’analogie du monde avec une machine ; l’infinité, la perfection et l’unité de Dieu ; pour la première fois c’est à l’idée même du Dieu créateur qu’on s’en prend ; par là Hume se distingue et des intellectualistes et des empiristes qui l’ont précédé.

Mais tandis qu’en Angleterre et en France on arrivait soit à ce pessimisme, soit au matérialisme pour lequel le problème de la théodicée n’en est pas un, en Allemagne le sentiment religieux s’était maintenu même dans l’Aufklürung avec la baisse de la vigueur spéculative, et les éléments étaient donnés d’une théodicée à tendances pratiques et religieuses, où entreraient pour une bonne part des éléments piétistes, et qui restituerait au problème le caractère religieux que lui avait fait perdre l’intellectualisme leibnizien. Lessing est déterministe, et passe peu à peu du théisme à un panthéisme ou il s’efforce de retrouver Dieu dans la nature et dans la vie, et d’intégrer le mal à un optimisme supérieur. Rousseau n’a pas apporté de solution nouvelle en théodicée ; mais sous l’influence de sa critique de l’intellectualisme, de son apothéose de la nature, la nature apparut comme la révélation de Dieu ; de moins en moins on attache d’importance aux preuves rationnelles de l’existence de Dieu ; chez Rousseau déjà Dieu apparaît comme un postulat de la pratique, comme affirmé par le sentiment. Herder cherche












et trouve Dieu dans la nature et dans l’histoire, l’homme tend progressivement, a ê.tre l’image de plus en plus ressemblante de Dieu mais par là Herder

oppose Dieu et le monde, l’idéal et la réalité, et ce que le monde est à ce qu’il pourrait et devrait être.

Nous ne saurions résumer ici l’étude de M. Lempp sur Sa théodicee de Kant, sur sa critique de la théodicée intellectualiste, sur les bases et les éléments de théodicée contenus dans la Critique de la Raison pure, sur la théodicée que Kant tire de l’analyse de l’action morale (Critique de la Raison pratique), et eijOn sur la théodicée immanente à la troisième Critique: si sur certains points on pourrait lui reprocher des constructions un peu hardies, il est du moins certain qu’il a tenu compte de tous les testes, qu’il en .a donne une interprétation cohérente et.

séduisante, et qu’il montre la théorie, non pas toute faite, mais se constituant peu à peu selon une dialectique qui rend compte de cette évolution. Cette étude sur Kaiit (p. 241-334), comme celle sur 7 Schiller (p. se suffirait à ellemême; dans l’ensemble où 51. Lempp a su les placer, ellessonl (tes plus instructives car il a le don de suivre les courants d’idées; et peut-être eùt-il pu utiliser ce don en descendant plus dans le détail qu’il ne l’a fait, en étudiant de plus près les personnatites secondaires, par exemple les poètes philosophes comme Uz, le chantre du leibnizianisme, que Schiller tenait en si haute estime. L’ouvrage est suivi d’un excellent index systématique qui, par des renvois qu’il fait au corps du travail, fournit l’armature d’un grand nombre de travaux de détail sur les problèmes partiels certains articles de’ cet index suppléent à des dissertations entières et ajoutent encore à l’utilité de ce beau livre d’historien et de phitosophe. Ueber Christian Wolffs Ontologie, par Haxs Piçiilër. 1 vol. in-8’de 91 p., Leipzig, Bùrr, 1010. On a plusieurs, fois signalé l’intérêt d’études qui s’atta-.i: cheraient à. préciser une idée, à définir un terme philosophique l’intérêt en est d’autant plus grand quand l’on a affaire à un écrivain qui, comme WollT, a exercé en une époque de transition une influence considérable sur la pensée et la terminologie philosophiques. M. Pichler, prenant pour centre l’idée d’ontologie ciiez. W.olff, fait une étude très consciencieuse et fouillée, dont nous résumons les principaux résultais. – Chez Wolff l’ontologie est à ia base de la métaphysique, mais ne se confond pas avec elle; eus signifie non pas être, mais: chose ou objet (p. 3); l’ontologie est la science des objetsen général, sans considération de leur être ou de leur non, être, et ai1;1 donc la même étendue que la Gegenstands théorie que Meinong s’efforce aujourd’hui de faire entrer dans te système des: sciences (p. 89) l’ontologie n’est donc pas ia science de l’être; elle n’est pas non plus la science de l’existence, car tous les objets ne sont pas pour autant exis-1|:tints, l’existence n’est pas une propriété essentielle des objets comme tels; elle, est une propriété contingente de tous les objets, Feras rèalissîmum excepté (p. S). – Pour Wolff le principe de contradiction >33t la loi générale des choses et par conséquent l’axiome fondamental de l’ontologie; Wolff prétend déduire toutes les propositions de définitions se!on le principe de contradiction, le principe de raison suffisante lui-même n’étant pas un