axiome, mais un simple théorème (p. 7) ; par cette théorie Wolff fait école, elle inspire une multitude de dissertations et de manuels. — Wolff abandonne la doctrine des idées innées ; pour lui la raison est « facultas nexum veritatum universalium intuendi » ; et la raison pure travaillant sur des définitions et des propositions a priori, repose en dernière analyse sur le seul principe de contradiction : M. Pichler montre à ce propos que l’expression et l’idée de raison pure se trouvent déjà chez Leibniz et cite un texte significatif (Gerhardt, VI, p. 49). — M. Richler met encore en lumière les fautes que Schopenhauer a commises dans l’interprétation de la théorie wolffienne de la ratio sufficiens à laquelle il doit beaucoup : l’erreur de Schopenhauer consiste à opposer trop radicalement ratio et causa : chez Wolff la causa contient la ratio (p. 18). Wolff estime que les objets sont susceptibles de connaissance en vertu de raisons propres à leur être : « modus prædicandi sequitur modum essendi ». — Le principe de contradiction étant la loi générale de tous les objets, et, tout ce qui implique contradiction étant impossible, il nous est interdit de nous représenter quelque chose d’impossible : dès lors objet se confond avec aliquid (quelque chose). Le rien, c’est ce qui ne peut être représenté : il coïncide avec le non-être. — Pour qu’un objet soit possible il faut, non seulement que sa notion n’implique pas contradiction, mais que ses prédicats soient compatibles : la repugnantia a le même effet que la contradictio.
On lira avec profit les remarques de M. Pichler sur la structure des objets (p. 24) et surtout ses trois chapitres sur le possible, le nécessaire et le contingent (p. 32), sur l’idée de relation chez Wolff et les diverses relations qu’il pose (p. 48), sur la quantité et la qualité (p. 57) : Wolff définit
la qualité comme une propriété des choses susceptibles d’être comprise en soi et pour soi ; la quantité au contraire, sans être une pure relation, ne peut être comprise, elle peut seulement être donnée dans l’intuition elle est en soi incompréhensible. Enfin dans son dernier chapitre (ontologie et logique transcendantale, p. "3), M. Pichler, qui, tout au long de son étude, s’était occupé de montrer les rapports des théories wolffiennes aux théories leibniziennes qui les précèdent et aux théories kantiennes qui en sortent, montre que la table des catégories de Kant a bien plus de rapport à l’ontologie de Wolff que i’une et l’autre à la théorie aristotélicienne des catégories ; que la logique transcendantale de la Critique de la Raison pure n’est autre chose que l’esquisse d’une ontologie ; que l’ontologie wolffienne présente toutes les catégories de la Logique transcendantale, et d’autres encore ; puisque Kant n’a pas laissé, dans sa déduction métaphysique des catégories, d’oublier absolument les relations. Tout ce chapitre, encore qu’il soit contestable en certains points, peut-être trop favorable à Wolff, et sans trop sévère pour Kant, est tout à fait digne d’attention, et mérite, comme toute la monographie de M. Pichler, d’être pris en sérieuse considération par les historiens du Kantisme. Les Penseurs de la Grèce, Ilistoire de la philosophie antique, par Théodore Gomperz, 111. L’ancienne Académie, Aristote et ses successeurs Théophraste et Slraton de Lampsaque ; traduction de Auo. Reïmonu, i" et 2e éd. i vol. gd in-8°de 590 p., Lausanne, Payot et C" ; Paris, Alean, ̃1910. Le troisième et dernier volume de cette excellente traduction rendra les mêmes services que les deux premiers. La partie.la plus importante est constituée par l’exposé des doctrines d’Aristote. M. Gomperz, selon sa méthode ordinaire, passe rapidement sur les parties vieillies de la doctrine d’Aristote pour insister longuement sur tout ce qui,’selon lui, a conservé un intérêt actuel. Or « Aristote est avant tout le classificateur et l’Encyclopédiste, le penseur qui passe en revue et qui ordonne, dans sa plénitude, le monde des phénomènes » (p. 496-49