marottes de Stuart Mill vieillissant, la réforme de la législation foncière, — la représentation proportionnelle, — l’émancipation politique de la femme, la « Correspondance » ne vous désappointera pas. Elle vous désappointera si vans y cherchez des lumières sur la formation de la pensée de Stuart Mill, et même sur l’élaboration de la Logique, ou de l’Économie Politique : car tout cela est antérieur à 1847. Le philosophe trouvera pour l’intéresser la longue correspondance avec Bain (1re lettre, 17 mars 1859 : après quoi la correspondance est ininterrompue) : les réflexions échangées par les deux philosophes au sujet du principe de la conservation de l’énergie marquent, d’une façon très caractéristiques, quels étaient, entre 1860 et 1870, les problèmes que la science posait à la philosophie.
Signalons encore quelques lettres à Taine
un.très intéressant, journal tenu par
Stuart Jliil pendant le premier trimestre
de 1851 ; de curieuses lettres qui témoignent
de la religiosité croissante de,
Stuart Mill (voir notamment la lettre du
13 juin 1868 sur la prière, dont Stuart
Mill est tout disposé à expliquer les effets
bienfaisants par une influence surnaturelle).
Le lecteur français constatera,
d’autre part, l’aversion presque constante
qu’il manifeste à l’égard,.du génie
de la France. La France est un pays où
la faculté d’amplification de la pensee des
autres est aussi fréquente que la faculté
de penser avec originalité est rare ! voila
ce qu’il pense en 1833. li fait cependant
exception pour Saint-Simon et quelques
Saînt-Simoniens ; sympathise avec l’esprit
de 1848, avant et pendant la Révolution.
Puis vient le Second Empire : son
aversion se fortifie. En iS"0, depuis le
début jusqu’à la fin de la guerre, ses
sympathies prussiennes sont radicales et
affichées avec une sorte d’ostentation
on est déconcerte de voir un moraliste
aussi intransigeant approuver aussi nettement,
comme la meilleure solution, le
transfert à l’Allemagne d’un million
d’Alsaci.ens-Lorrains. Il compte que la
France va prendre une rapide revanche
au détriment des Italiens —et de l’unité
italienne, et meurt, en IS13, persuadé que
Sa France est incapable de fonder une
civilisation républicaine et pacifique.
Exprimons un regret pour finir. Les
papiers des héritiers de Stuart Mill ne
contiennent pas seulement. les brouillons
des lettres de Stuart Mili, ils contiennent
aussi les lettres de ses correspondants
(Carlyle, Taine, et bien d’autres). Faut-il
conclure, d’une phrase de la Préface
p. vt), que tant de documents précieux.
vont rester encore, comme du vivant de
Miss tïelen Taylor, inaccessibles au
public ! Pourquelles mystérieuses raisons ? 3
Philosophie de rpxpéi’ienee, par
W. James, irad. par E. Le Brun et
51. Paris. 1 vol. in— 12. de 381 p., ParK-,
Flanininriba, illifl. – Sous ce titre biea
général et inattendu, qui ne donne aucune
idée du contenu de l’œuvre, on a traduit
les leçons que James avait intitulées
A pluraiittic universe. Nous avons parlé
du livre en son temps. La traduction,
pliis soucieuse de rendre le tour alerte
et vivant de l’auteur que de reproduire
avec une parfaite., exactitude les détails
de son teste, ne nuira pas à la— diffusion
chez nous d’une œuvre qui, somme
toute, s’adresse surtout" au grand public,
et semble plus propre à intéresser les
gens du monde ou les aniateurs d’idées
générales, qu’à1, satisfaire pleinement
les philosophes. On n’a fait figurer-,
aux appendices, que deux sur les trois
’m.oTce.aùs que contenait le texte anglais1,
l’article sur L’expérience de l’activité n’a
pas été traduit.
Récréations mathématiques et problèmes
des temps anciens et modernes,
par W. RotJSE Bail. 2e édition
française, traduite d’après la V.édition
anglaise et enrichie de nombreuses additions
par J. Fra-1’AïP.iCK. 1 vol. ïh-12 de
383 p., chez A. Hermann et fils, Paris,
1909. – Ce volume forme la troisième
partie d’il’ne série que publie SI. Rousê
Bail. Au travail personne ! de Rotise Bail
des mathématiciens spécialistes ont ajouté
des notes importantes. if. Margossian a
donné un chapitre sur S’ordonnance des
nombres dans tes carrés magiques et
M. Aubry indique de. nombreux et curieux
problèmes d’arithmétique, d’algèbre
et de géométrie. Mais dans cet ouvrage
les chapitres.qui intéresseront le plus
les philosophes sont, ceux qui sont dus
à S). Bouse Bail lui-même (Astrologie,
llyperespacejdu Temps et de sa mesure).
Nous allons successivement donner quelques
brèves indications à leur sujet.
Astrologie. Cet art fut pratiqué en
Orient, puis en Egypte, en Grèce et..à
Rome ; les astrologues du moyen âge
n’ont fait que suivre les travaux de leurs
prédécesseurs. Historiquement l’astrologie
a pris fin au moment de L’apparition des
travaux de Copernic. Mais avant cette
époque elle fut pratiquée même par des
savants illustres. Bien que l’astrologie
appartienne au passé, cette pratique fut
tellement générale pendant de longs
siècles qu’elle doit intéresser le psychologue
pour qui les erreurs de ia pensée
humaine sont souvent très instructives.