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Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 4, 1910.djvu/35

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listes. — Je vous ferai une critique dans votre travail il y a beaucoup d’intégrales ; mais il y en a d’inutiles. Ainsi vous donnez l’énoncé exact du principe de Carnot. Mais vous auriez pu l’expliquer sans formules d’une manière tout aussi exacte : lorsqu’un système isolé se trouve dans la glace, en revenant à son état primitif il en aura fondu une certaine quantité ; la transformation inverse est impossible. De même quand vous parlez du potentiel thermodynamique. — Certains esprits, par goût esthétique, semble-t-il, emploient ainsi continuellement des symboles qui ne sont pas nécessaires, donnant ainsi beau jeu aux nominalistes. C’est donc à toute une école que s’adresse cette critique.

M. Darbon. — J’ai exposé en langage mathématique plus rigoureux et clair des théories dont je n’étais pas le maître au début de mon travail, pour m’en faciliter la maîtrise.

M. Perrin. — Les formules mathématiques ne sont pas les expressions les plus rigoureuses ; elles facilitent de plus l’introduction d’hypothèses sur lesquelles se sont appuyés les nominalistes pour enfermer la science dans un cercle : or la science a réagi. Lorentz, Ramsay, Thomson, travaillent en dehors de l’énergétique.

M. Darbon. — Je n’ai pas pris parti dans le débat autour de l’énergétique ; j’ai montré les caractéristiques du mécanisme : l’atomisme géométrique. Il est vrai qu’aujourd’hui l’atome est plus compliqué.

M. Perrin. — En effet ; de plus en plus se développe l’idée de la richesse infinie de l’univers. Il était d’ailleurs plus facile de concevoir des formes diverses d’énergie que des atomes complexes. — Vous avez parlé de la pensée scientifique et de la pensée confuse : celle-là est-elle plus fragmentaire ? Pour moi la pensée confuse, riche de réserves scientifiques, s’élargit et pose de nouveaux problèmes.

M. Darbon. — La sensation est la pensée confuse, sans qu’on puisse absolument distinguer l’élément sensible du rapport impliqué. La pensée forme un système complet, présent en nous sous sa forme confuse.

M. Brunschvicg s’associe aux éloges de la méthode de M. Darbon. Mais le travail de M. Darbon, dans le détail, n’a pas toujours été conforme à cette méthode. M. Darbon, ayant déterminé une certaine terminologie, n’en a pas suivi le développement et s’est référé à la terminologie non définie de ses adversaires. D’abord, si le nominalisme est une « réaction sceptique » (p. 5), contre quoi réagit-il ?

M. Darbon. Contre la prétention du











mécanisme d’exprimer le mode d’action réel des phénomènes le nominalisme e oppose la théorie représentative à la théorie explicative. Je ne suis nullement 1. convaincu que cette opposition soit décibive, mais des savants l’ont.cru. M. Brunschvicg. Il y a aussi un nominalisme qui réagit contre le positivisme suivant lequel la science atteindrait des faits généraux donnés au même titre que les perceptions; le nominalisme que M. Le Roy a précisément appelé nouveau positivisme. M. Darbon. J’ai étudié seulement les thèses de physiciens comme Duhem, qui sans une théorie de la perception, aboutissent aux conclusions nominalistes. M. Brunschvicg. – Ce qui fait, suivant moi, que’l’ordonnance générale de votre thèse n’est pas très bien équilibrée, c’est qu’en fait vous avez traité des deux sortes de nominalisme. Pour l’un les théories mathématiques sont symboliques, l’autre consiste à nier l’objectivité d’une loi empirique l’un répond au réalisme des idées, l’autre au réalisme de l’objet. Il y a une équivoque fondamentale dans la terminologie; votre tâche devait- être de la dissiper Ainsi dans votre étude sur l’induction vous avez montré que le caractère essentiel de la loi c’est la nécessité peu importe que le groupe se reproduise; une expérience bien faite suffit; un seul passage de comète suffira, si l’on sait en déterminer les conditions. Pourtant vous parlez le langage de la généralisation, dans presque toute votre discussion. M. Darbon. Le général est un signe empirique du nécessaire, et une condition de l’établissement de rapports universels. M. Brunsckvicg. Alors vous revenez du problème philosophique au problème technique. Vous vous étiez débarrassé du problème de savoir comment les mêmes causes produisent les mêmes effets; et vous le posez pourtant p. U2 « La notion générale se réduit-elle à un signe. la question est là. » ’Vous n’avez pas pris à parlie le nominaiisme pour faire la critique de sa terminologie. Vousvous êtes fait le prisonnier des confusions que vous lui reprochez. M. Darbon. J’ai critiqué ses arguments dans le chapitre de l’abstraction scientifique. M. Brunschvieg. Vous n’avez pas montré les postulats divergents. J’en viens à une critique interne: quand vous avez parlé du rapport de la mathéma-