Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 4, 1913.djvu/16

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.1912. – La notion morale de la pitié est à coup sûr celle dont il est Le, plus difficile

de; se rendre compte aussi bien le

̃nombre des;systèmes -éthiques où elle apparaît en bonne place est-il assez restreint; L’étude de M. von Orelli; qui passe en revue les. diverses conceptions et les justifications philosophiques de la pitié pour développer ensuite les vues propres de l’auteur sur; l’origine psychologique, ̃ la Valeur morale et la. signification métaphysique de la pitié, nous semble donc

mériter un examen sérieux de la part des moralistes. – L’éthique grecque est, en raison de son caractère intellectualiste, jrés .peu favorable’à’la pitié dont elle redoute, les sophismes et qu’elle met au nombre des passions Platon interdit dans la république les thèmes. et les chants de deuil; la pitié est l’ennemie de la justice. Aristote donné de la pitié uné analyse profonde et- qui en fait bien apparaitre-les éléments égoïstes, mais il n’en a pas donné d’appréciation morale. Les Stoïciens,- intellectualistes et individualistes, sont naturellement tout à fait hostiles à la pitié et leur influence .explique que, chez saint Clément d’Aléxandre,. saint Ambroise, saint t Cyprien, et Tertullien, la, pitié ne soit pas, -.malgré sa parenté avec l’amour chrétien, l’c-bjet de plus d’attention et de •sympathie. Lactance, au contraire, iden’.tifie la misericordia. avec Vhumanitas, et proteste expressément contre les. théories stoïciennes qui rangent ia’pitié parmi les vitia et morte. c’est la misericordia qui nous pousse à secourir notre prôchain.dans la détresse; elle vient de Dieu et est chère à Dieu qui la récompense. De même sain ti Augustin oppose à la dureté stoïcienne la pitié chrétienne, pitié active qui va au secours de l’infortune. Saint Thomas, qui s’inspire de l’analyse d’Aris̃ tote, examine de près la nature et la valeur de la pitié; il, se demande si Dieu connaît la pitié et répond que la misericordia seàuhdum affectum est de la nature de Dieu, ta’ndis.que la misericordia secundum passionis àffeclum répugne à cette nature; la pitié ne s’oppose pas à la justice, elle, .est bien plutôt qusedam justifia; pleniludo.

,v., La: Renaissance .est, aussi plutôt défavorable à la pitié; Montaigne y voit surtout une faiblesse; mais Charron distingue deux pitiés, l’une active, vertueuse, courageuse sa’mrmélange -de passion, l’autre ̃ passive’ et qui n’est que mollesse. Descartes suit Aristote dans le passage des .Passions: de l’âme où il étudie la pitié; Geulincx insiste Sur le; caractère égoïste’ de la. pitié: Pour Spinosa la commiseratio preuve de l’artiflcialité des constructions scientiliques. J •

5" La logistique ainsi constituëe’a.jeté. une vive lumière sur la méthodologie.. Elle a éclairé notamment les procédés fondamentaux de la définition et de. la’, démonstration. La première est une convention qui, par elle-même, n’est. ni vraie;’ ni fausse, mais désigne par un terme’ unique un complexe de propriétés déjà connues. La seconde comprend tous les processus logiques par lesquels on tire de prémisses données les conclusions qu’elles contiennent implicitement; elle ne. prétend à rien d’autre qu’à étendre aux conséquences la vérité – à tort ou à raison attribuée aux prémisses. La logique, n’a donc garde de reprendre à son compte la chimère de l’Esprit géométrique, « tout délinir et tout prouver ». 6° Une réforme du langage doit suivre nécessairement les progrès de la logique car le langage est déjà une logique;. spontanée et sans méthode. Jusqu’à présent, les philosophes n’ont traité la question du langage qu’au point de vue métaphysique de ces origines. JI est temps, sem-r ble-t-il, d’aborder pour elle-même, laquestion de ses rapports avec la pensée,,de se rendre compte des illogismes frëquents qu’il présente, et de le réorganiser, et de l’internatioualiser suivant les règles de la saine méthode logique.

Souligner, après tant d’autres, la clarté, la solidité, la maîtrise de l’exposition de’ M. Couturat serait superflu. Le système de la logique moderne se trouve repensé de telle manière que le rapport de chacune des parties à l’ensemble apparaît admirablement défini et que. la théorie tout entière montre une séduisante cohérence. En somme, ce que Dedekind, Kronecker ont fait pour l’Analyse, MM._Çouturat et Russell l’ont tenté pour la Logique et sans doute avec un égal bonheur, la théorie élémentaire de la déduction joue dans leur système .le rôle. de l’Arithmétique. La seule réserve que nous soyons tentés de faire porte- sur leprincipe même de l’exposition, qui semble, par certains côtés, être plus dogma-^ tique qu’il ne convient de l’être, enlace des remaniements incessants subis par les notions primitives de la Logique et de la Mathématique. Mais MM. Couturat et Russell ne seraient-ils pas les premiers’ à reconnaitre le caractère provisoire de: leur œuvre et à réserver les droits de, l’avenir?

Die philosophischen Auffassungen des Mitleids. Eine historiscli-kritisc/ie Studie, par le Dr K. von Orelli^ 1 vol., in-8, de 210 p., Bonn, Marcus et W.ebèr,’