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dans le monisme de la morale. Enfin, sur le modèle de la religion purement éthique, le socialisme peut et doit constituer une religion véritable sans surnaturel, où la foi sociale s’affirme et se développe dans les formes disciplinées du travail. À ces seules conditions, par la réalisation théorique et pratique de cette synthèse, le socialisme pourra acquérir une signification philosophique, une valeur éducative et civilisatrice, qui lui assureront de vastes conquêtes et un triomphe définitif.

Le livre de M. Perego est sur la limite de la philosophie et de la croyance, de la théorie et de la pratique ; il soulève beaucoup de problèmes et de très graves, sans les approfondir suffisamment, et il propose des solutions plutôt qu’il ne les démontre. Pourtant il nous semble digne d’attention, et notamment d’être pris en sérieuse considération par les théoriciens du socialisme, qui ne savent pas assez tout ce qu’ils doivent déjà à Fichte, et surtout combien ils pourraient encore profiter à son école.


REVUES ET PÉRIODIQUES


L’Année Philosophique, publiée sous la direction de F. Pillon, ancien rédacteur de la « Critique philosophique ». Vingt-deuxième année (1911), 1 vol. de 290 p., in-8, Alcan, 1912.

G. Rodier. – Note sur la politique d’Antisthène, destinée à expliquer le mythe du Politique sur les formes primitives du gouvernement. La critique du règne de Zeus où les hommes vivaient pour ainsi dire à l’état de troupeau, ne vise pas la doctrine d’Antisthène ; elle marque chez Platon lui-même « le passage de l’optimisme au méliorisme politique, qui s’affirme décidément dans les Lois ».

G. Lechalas. — Les années d’apprentissage d’Eugène Fromentin, d’après l’ouvrage de M. Blanchon : Correspondance et Fragments inédits d’Eugène Fromentin.

V. Delbos. — L’idéalisme et le réalisme dans la philosophie de Descartes. Étude serrée et profonde, consacrée à la critique, ou plus exactement à la limitation, de l’interprétation idéaliste de la doctrine cartésienne. Il y a dans les processus initiaux de la méthode cartésienne des traits qui sont bien caractéristiques de la démarche idéaliste ; c’est sur la pensée que Descartes s’appuie pour atteindre l’être ; mais l’être qu’il atteint ainsi est extérieur à la pensée, à commencer, pourrait-on dire, par l’être même de la pensée.

L. Dauriac. — Quelques réflexions sur la philosophie de M. Henri Bergson. Dans leur tendance générale, ces réflexions présentent la doctrine de M. Bergson comme en opposition directe sans doute avec le cartésianisme, mais comme continuant en un certain sens le kantisme. Kant voulait que le temps fût une intuition. Il n’a pas fait la preuve de cette thèse, et c’est pourquoi Renouvier et O. Hamelin ont abandonné la thèse kantienne. M. Bergson a repris la thèse, en apportant la preuve.

F. Pillon. — La troisième antinomie de Kant, la croyance à la liberté, le dilemme de Lequier et le primat de la Raison pratique. M. Pillon reprend le problème métaphysique de la liberté, tel qu’il était posé au xviie siècle ; et il en donne une solution dogmatique, en s’appuyant sur le principe du nombre, mais en abandonnant sur certains points essentiels le relativisme de Kant et de Renouvier, comme il fait bon marché, avec toute raison suivant nous, du trop fameux dilemme de Lequier. La base de son argumentation est dans l’opposition de l’espace et du temps ; la critique idéaliste permet de ne pas appliquer au temps la continuité, qui est caractéristique de l’espace, et de concevoir une liberté créatrice qui aurait existé en puissance dans l’esprit suprême, et qui serait passée à l’acte par la création : « Dieu, en créant le monde, serait sorti de son immutabilité et se serait fait temporel. »

C. Maillard. — À propos de quelques ouvrages récents sur La philosophie allemande postérieure à Kant. L’auteur s’est proposé de réfuter la philosophie de Fichte en sept pages, et celle de Hegel en trois et demie ; la méthode est plus expéditive que convaincante. Par exemple M. Maillard croit enfermer Fichte dans le dilemme : ou le moi empirique est seul réel, et le moi absolu n’a pas d’existence propre ; ou le moi absolu est toute la réalité, et le monde se dissout dans son illusionnisme universel, non moins radical que ceux de Schopenhauer et de Spir. Or l’une et l’autre des alternatives impliquent manifestement que la doctrine de Fichte est un réalisme métaphysique et manifestement Fichte est idéaliste.

H. Bois. — L’idéalisme personnel d’Oxford. M. Hastings Radshall. Dans cette étude, qui sera complétée l’an prochain. M. H. Bois éclaire la pensée de M. Radshall par la méthode historique : l’idéalisme personnel procède de Berkeley, corrigé par Kant ; il pose, comme une absolue nécessité de la pensée, l’existence d’un « Penseur universel », qui est Dieu. Cet idéalisme tend vers Leibniz, sans arriver