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pourtant au monadisme absolu, puisque le spiritualisme de M. Radshall se borne a ajouter à Dieu et aux êtres humains des âmes animales.

L. Dauriac. — Une philosophie de la Religion. Éloge pénétrant et justifié de l’œuvre de J.-J. Gourd, où M. Dauriac marque avec finesse l’appui que le criticisme donne au pragmatisme et qui lui paraît nécessaire à l’existence philosophique du pragmatisme.

F. Pillon. — Bibliographie philosophique française de l’année 1911, avec la collaboration de M. Dauriac.

The Philosophical Review, t. XIX (1910).

N° 1. — J. A. Leighton. La perception et la réalité physique. Le problème de la relation de l’esprit connaissant à l’objet connu a été remis sur le tapis par les récentes discussions des nouvelles écoles réalistes et idéalistes. Il est donc opportun de l’examiner une fois de plus du point de vue de la perception, qui est, en définitive, le point de vue initial. L’auteur commence par écarter un certain nombre d’erreurs historiques : distinction cartésienne des qualités premières et secondes, attribution aux idées, par Descartes et Locke, d’un rôle de médiation entre l’esprit et les choses, interprétation du rapport entre l’esprit et l’objet envisagé comme un rapport de causalité. Dès lors, il n’y a plus lieu de séparer essentiellement sujet et objet : tous deux rentrent en corrélation fonctionnelle dans un système unique, qui est celui de l’ « expérience » réelle et totale. Quant à la « réalité du monde extérieur », c’est un problème de nature purement sociale ; il se ramène à la question de savoir si nous avons des raisons d’admettre un « royaume social » d’êtres pourvus d’une conscience analogue à la nôtre.

Frank Thilly. – Le Moi. L’expérience intime ne peut saisir en nous un moi pur, vide de tout contenu. Mais, de cette impossibilité, on ne peut conclure avec Hume à l’inexistence du moi lui-même. Au fond, toutes les théories qui s’efforcent de se passer de l’hypothèse d’un moi substance la réintroduisent subrepticement : tel est le cas de Ribot, expliquant l’idée du moi par la cœnesthésie, ou encore celui de James, se bornant à expliquer l’identité apparente du moi par la « ressemblance » des états qui se succèdent dans la continuité de la conscience ; et l’auteur esquisse pour conclure un substantialisme spiritualiste dans lequel l’âme est définie comme un principe de vie, engendrant ses propres états.

C. Williams. — Le schématisme dans la logique de Baldwin. Exposé des vues logiques de Baldwin dans son livre Thought and Things.

J. E. Creighton. — La notion de l’implicite en logique. Article consacré comme le précédent à la discussion du récent ouvrage logique de Baldwin, notamment de la théorie de l’implicite, c’est-à-dire du « potentiel » en logique.

N° 2. — G. Grier Hibben. — Les aspects philosophiques de l’Évolution. Article écrit, ou plutôt conférence prononcée à l’occasion du cinquantenaire de l’Origine des espèces de Darwin. L’auteur constate que, contrairement à tout ce qu’on aurait pu supposer, l’idée d’évolution n’a pas été inventée par les praticiens des sciences naturelles, mais par des philosophes spéculatifs, depuis Bacon jusqu’à Hegel. Mais réciproquement le darwinisme a remis en question, sous une forme nouvelle, un certain nombre de problèmes proprement philosophiques : quelle est la place de l’homme dans l’Univers ? — L’Évolution, une fois admise, implique-t-elle ou exclut-elle une conception téléologique de la nature ? — Le processus de la vie est-il, dans son fond, mécanique ou suppose-t-il un principe spécial ? L’auteur examine chacun de ces problèmes et conclut qu’en définitive le darwinisme n’apporte pas le concours qu’on aurait pu croire au pragmatisme, notamment au bergsonisme, car, loin de mettre l’intelligence en présence de l’inexplicable et de requérir une « intuition » spéciale de l’être, il tend à montrer que la vie la plus riche, la plus multiple, procède du simple et s’explique au moyen de facteurs essentiellement intelligibles.

W. Makintire Salten. — Les points de contact de Schopenhauer et du pragmatisme. Étude bien peu approfondie d’un sujet intéressant. L’auteur, qui déclare ne pas très bien comprendre le pragmatisme, n’affirme pas expressément les relations du pragmatisme avec la philosophie de la volonté ; il montre simplement qu’une doctrine qui fait de l’intelligence un instrument, une « invention » de la volonté offre bien des analogies avec le pragmatisme. Toutefois il se demande si Schopenhauer n’a pas dépassé le pragmatisme et, avec de nouvelles hésitations, répond par l’affirmative, en considérant que l’entendement, après avoir satisfait les exigences de la volonté, se crée un mode d’activité désintéressé dans la contemplation esthétique.

Arthur S. Dewing. — La théorie de la connaissance de Schelling. Exposé de cette théorie ; l’auteur insiste principalement sur l’intuition intellectuelle, considérée