Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 5, 1913.djvu/28

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mysticisme, suivant qu’il s’agira des croyances religieuses ou des lois scientifiques le sceptique et le mystique sont des hommes qui savent que les hypothèses et que les mythologies ne sont que des. symboles et qui ne sacrifient pas à l’ensemble du système scientifique ou théologique les expériences particulières; ce sont les vrais hommes de science et les vrais hommes de foi. On trouve dans le livre de M. More beaucoup de remarques pénétrantes, à côté de développements parfois un peu longs et vagues; l’essai sur Walter Pater est particulièrement intéressant. Personality, par-F.-B. JEVONS, 1 vol. in-8 de 171 p., Londres, Methuen, 1912. –La thèse soutenue par M. Jevons est la suivante. Ni le phénoménisme psychologique de James, pour qui la vie consciente est une suite de pulsations discontinues, ni la théorie bergsonienne de la continuité, ne peuvent expliquer le fait de la personnalité; car des moments séparés sont de pures abstractions, et d’autre pWtj si notre conscience était un changement incessant, le sentiment de la personnalité ne pourrait exister. Il faut

avoir recours, pour comprendre la nature du moi, à un principe qui est l’amour et le besoin, d’unité. On ne trouve pas dans le livre une étude approfondie des problèmes discutés;, quand il veut faire voir dans l’attention un fait que la psychologie de M. Bergson ne saurait expliquer, l’auteur ne tient pas compte de la théorie que M. Bergson en donne dans Matière et Mémoire. Quand il prend James comme le représentant dé la psychologie discontinuiste, il semble, oublier-la théorie du courant de conscience, et ne considère que celle du moi. Les arguments dont M. Jevons se sert sont le plus souvent t seolastiques et n’atteignent pas les doctrines dans leur fond. Que le changement ne puisse être perçu que par rapport à un substrat qui ne change pas, l’argument ne peut valoir contre le phénoméniste car: celui-ci peut toujours admettre des substrats relatifs, et des stabilités provisoires. The Thought in Music, par John MacEwen, 1 vol. in-8 de 233 p., Londres, MacMillan and Co, -1912. Cet ouvrage n’est pas, comme on pourrait le croire sûr la foi du titre, consacré au problème de la pensée musicale, tel que l’ont posé nos esthéticiens; c’est une étude très consciencieuse et souvent très délicate- sur les éléments de la musique, rythme, mélodie, harmonie. La partie la plus originale de l’ouvrage porte sur la forme en musique, la construction de la et exige que toute connaissance partielle soit erronée; le pragmatisme,’ enfin, ne rend pas compte du processus de- vérification scientifique, dans lequel il ne s’agit pas d’utilité. Pour M. Wildon Carr, le pragmatisme est cependant un progrès., sur les autres théories; si l’idée d’utilité ne se confond pas avec l’idée de vérité, du moins ces deux idées ne sont pas sans communication c’est dans la philosophie bergsonienne,, dit-il, que l’on trouvera une solution du problème de la connaissance le monde est une. illusion nécessaire à l’action, mais on ne peut dire que cette illusion soit uneerreur l’illusion est la réalité telle qu’elle apparaît; une fois interprétée, elledevient partie intégrante du concept de la réalité.’Il ne faut pas trop se féliciter du_ nombre de ces petits livres qui veulent vulgariser les théories philosophiques, et donner le sens des problèmes a. des. lecteurs qui n’ont pas préalablement «, fait de philosophie Quand M. Russell ou M. Moore exposent leur philosophie, ils’ s’adressent à un public très restreint, ils ne font gràce d’aucune difficulté, et leur a-uvre est très utile. Mais quand M. Wil-r don Carr veut résumer en trois ou quatre pages la doctrine de Russell, ou celle de Meinong, ou celle de Bergson, il ne peut donner la signification précise de .ces théories; et surtout il ne peut faire sentir au lecteur ce qu’il eût voulu lui faire sentir ce qu’est un problème-philosophique. The Drift of Romanticism, par Paul Elmeb More, 1 vol. in-8 de .302 p., Londres, Constable, 1913. Dans cette série d’études sur Walter Pater, New-: man, Nietzsche, Huxley, M. Elmer More M’attache à définir le romantisme. C’est pour lui l’union d’un vif sentiment de notre personnalité avec l’amour de l’infini; le romantique cherchera l’infinidans l’expansion illimitée de ses émotions et dans l’exaltation du moi. M. More., étudie les rapports qui unissent.le roman-, tisme et le naturalisme tous’deux aboutissent ri une sorte de fatalisme et de philosophiedu laissez-faire », à une croyance^ en la bonté des instincts et le progrès., naturel; les romantiques veulent fuir, hors du domaine de la nécessité scientifique, mais c’est parce qu’ils y croient," et ils n’arrivent pas à se libérer. Il semble que pour M. More le remède du romantisme soit d’abord le dualisme, c’est-à-dire pour lui la croyance qu’il ne faut pas confondre l’infini et la nature, maisplacer l’infini au-dessus de la nature, etdans une certaine attitude d’esprit qu’on pourra appeler soit scepticisme, soit