généraliser le savoir et d’échapper au solipsisme.
No 5. – L’expérience et l’idéalisme objectif, par John Dewey. Confirmation du pragmatisme par la critique de l’idéalisme objectif. Celui-ci, avec Kant, a bien montré que Hume avait mutilé la connaissance en prétendant que l’expérience sensible est toute l’expérience ; mais il a vainement tenté de combler la lacune laissée par Hume, en cherchant dans un élément a priori et formel l’explication de l’objectivité ; c’est là une explication secrètement théologique, qui suppose, sans l’expliquer, l’accord a priori de l’esprit et des choses. Il faut donc s’en tenir à l’empirisme radical, seul capable de conférer aux jugements de valeur une portée véritablement objective. – L’expérience et la pensée, par J. E. Creighton. On a souvent prétendu, dans les discussions récentes soulevées par le pragmatisme, que celui-ci a fait perdre de son importance au problème épistémologique. Il n’en est rien. Le propre de la vie mentale n’est pas simplement d’être une relation entre un sujet et un objet ; car, vis-à-vis de l’objet, le sujet a sa vie propre ; il réagit sur l’objet, s’élève à cette forme supérieure de conscience qu’est le jugement, et de là à la vie rationnelle, qui déborde l’existence individuelle. Dès lors, dans son développement continu, la vie de l’esprit ne peut plus se définir simplement comme une fonction relative à l’objet, mais comme un effort vers un mode de vie de plus en plus indépendant de l’objet. Il subsiste donc toujours quelque chose du dualisme que le pragmatisme prétend réduire, et, à ce point de vue, le problème épistémologique conserve sa signification irréductible. — Morale, sociologie et personnalité, par J.-A. Leighton. — Tant que les habitudes morales restent au niveau de la simple obéissance passive aux règles établies, la morale n’est qu’un chapitre de la sociologie. Mais la conscience individuelle se sépare graduellement de la conscience sociale, et devient par elle-même susceptible de porter des jugements de valeurs. Toutefois, ce développement n’aboutit nullement à une hypertrophie de l’individualisme, car l’activité réfléchie du moi se développe, spontanément dans un sens supra-individualiste,
No 6. — La théorie de la connaissance de William James, par A.-K. Ragers. — Exposé critique de la doctrine soutenue par James dans ses articles récents du Mind (oct. 1905} et du Journal of Philosophy. L’auteur reproche principalement à James de confondre le point de vue de la genèse de la connaissance et celui de la valeur. Expliquer comment se fait l’expérience n’est pas expliquer la nature de la réalité qu’atteint cette expérience. S’il était conséquent avec lui-même, le pragmatisme devrait aller jusqu’au subjectivisme pur. Or il est certain que James n’admettrait pas cette conclusion extrême. Il reste donc plus d’une obscurité à dissiper dans la thèse pragmatiste. — La continuité et le et le nombre, par Walter B. Pitkin. Distinction du continu arithmétique et du continu géométrique et physique, c’est de façon purement symbolique que le continu logique de l’arithméticien peut exprimer un aspect de la continuité réelle de l’espace et du changement. – La conséquence logique de l’empirisme radical, par John B. Russell. Bref remaniement de l’une des critiques du pragmatisme relevées plus haut (no 4) sous la plume de Russell : cette conséquence logique, c’est le solipsisme ; puisque, pour le pragmatiste, perception, pensée, connaissance, sont des attitudes purement individuelles, et que l’analyse ne permet même pas de corroborer de celle d’autrui l’expérience de l’individu. — Le rapport de la science à l’expérience concrète, par Edmund H. Hollands. Si la science est abstraite, comme l’admettent tous les logiciens, quels rapports soutient-elle avec la réalité ? Ce problème ancien a été récemment rajeuni par le volontarisme de Münsterberg, par le pragmatisme (James, Dewey) et par le sensationnisme positiviste (Mach-Pearson). C’est encore l’idéalisme de Hegel qui fournit la solution la plus satisfaisante, car il rend raison de l’abstraction de la science considérée comme une simple étape vers la conquête de l’absolue et laisse ouverte la « route royale » qui va de la science à la métaphysique.
International Journal of Ethics. — (Juillet 1907). — O.-A. Shruesde cherche à déterminer la relation du dogme théologique à la religion. Le sentiment instinctif du bien de la communauté est pour lui l’élément constant de la religion, le dogme est un élément représentatif passager. — Sous ce titre alléchant : Quelques faits de la vie pratique, vous trouverez… ? ? un article de Mailow Alexander Shaw tendant à montrer que le besoin de salut qui travaille l’humanité ne peut être satisfait que par la doctrine paulinienne de la justification par la foi. — W.-R. Sorley continue son étude sur les Aspects éthiques de l’Économie. Condamnant à la fois un matérialisme sans dignité et un idéalisme ignorant, il montre que les problèmes économiques ne peuvent être résolus si l’on ne tient