Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 6, 1910.djvu/18

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des attitudes de quoi définir « la réalité substantielle qui représente l’esprit ».

D’autre part, sur la classification des maladies mentales qui, en raison de la complexité des cas, ne peut manquer de soulever bien des questions, M. Binet demande à ses collègues, en particulier aux auteurs qu’il a mis en cause, de répondre dans l’Année et « de prendre part à la bataille d’idées ». Le présent volume est donc, tant au point de vue de la philosophie générale que de la pathologie mentale, un point de départ extrêmement brillant et dont nous aurons à enregistrer la fécondité dans les comptes rendus des Années suivantes. Les Revues catholiques. — L’année qui vient de s’écouler a été, pour les Annales de Philosophie chrétienne (1909-1910, 2 vol. in-8), une période d’activité laborieuse et féconde, et plusieurs des études qu’elle a vu paraître sont de nature à retenir l’attention du philosophe et de l’historien. Tout d’abord nous devons nous arrêter un moment sur la série (non encore terminée) d’articles : La Semaine Sociale de Bordeaux, publiés dans les numéros d’octobre à mai, sous la signature Testis. Le








titre semble annoncer un compte rendu r de ces séances si dignes d’intérêt et de ( sympathie, dont le lecteur a sans doute c ouï parler d’autre part ; et nous y trou— s vous bien cela en un sens. Mais le sous— t tiliv Controverses sur les méthodes et les i ` doctrines nous éclaire dès l’abord sur r les intentions de l’auteur et la portée de son travail. Frappé par les appréciations c contradictoires, par les méprises, les cri— r tiques, les attaques même de toute nature j soulevées par la Semaine de Bordeaux, 1 voici ce qu’il t-’est proposé exposer la t mclhode pratiquée par les catholiques > sociaux, et à cette fin pénétrer intime— i ment son esprit, dégager les postulats s métaphysiques qui la dirigent et la fon— 1 dent en un mot reconstruire toute la s philosophie implicite qui lui est sous— { jacente : puis opérer le triage des i objections adressées à cette méthode, et, < sur celles d’entre elles qui valent d’être retenues, effectuer le même travail d’analyse reconstructrice – enfin, de cette confrontation impartiale où des idées seules demeureront en présence, faire jaillir le plusde lumière, le plus de vérité possible.

L’attitude pratique des catholiques sociaux est essentiellement caractérisée par l’union de deux tendances qui, pour l’observateur superficiel, sembleraient tout d’abord s’exclure d’une part la foi au surnaturel, à la valeur infinie et à la destinée supra-terrestre de la nature humaine, d’autre part le souci constant de l’observation scientifique et strictement positive des faits. Quels sont donc les éléments théoriques impliqués dans cette attitude pratique ? Ils peuvent être réunis et formulés en trois thèses principales. 1° Les idées ne sont pas de purs concepts abstraits ; elles— sont choses vivantes, qui « communient de façon concrète et singulière à toutes les réalités physiques, sociales, religieuses, par les expériences positives qu’elles suscitent et par les réactions qu’elles provoquent (Vol. 1, p. 178.) 2° Les divers ordres de réalités, ordre physique, ordre économique, ordre moral, ordre religieux et surnaturel, ne sont point distincts et juxtaposés ils sont étroitement solidaires et s’appellent les uns les autres.’– 3° L’ordre surnaturel, sans se confondre avec l’ordre naturel, la compênètre et l’assume en lui. Bref, le catholicisme social suppose une philosophie de l’action.

Que si maintenant l’on pose les antithèses de ces trois thèses, l’on obtient tes positions même des adversaires des Semainiers de Bordeaux, positions que l’on peut résumer en disant qu’elles expriment un monophorisme extrinséciste

(I, 210), entendant par monophonsme la conception en vertu de laquelle l’on considère la religion en général et le christianisme en particulier comme un apport imposé du dehors à l’âme passivement réceptrice.

Les deux points de vue adverses ainsi dégagés et opposés (et le sec résumé que nous venons d’en présenter ne laisse guère soupçonner la profondeur d’analyse et la rigueur dialectique qui caractérisent toute cette première partie du travail de Tes^is), i’auteurdénonce successivement toutes les erreurs, grosses de conséquences ruineuses pour la societé et

pour le christianisme, qu’entraine nécessairement l’attitude monophoriste. L’obligation de réponses immédiates1 à de nouvelles méprises, souvent plus injurieuses que compréhensives, soulevées par ses articles, n’a pas permis à Fauteur de terminer encore son œuvre. Dès maintenant nous croyons devoir signaler aux lecteurs de la Revue de Métaphysique la richesse d’idées de ce travail, le rigoureux enchaî.nement de toutes ses parties, et l’admirable ardeur de sincérité qui l’inspire. Et î il serait injuste de ne pas dire qu’il est > écrit en une langue singulièrement douce et originale, qui s’élève parfois à une réelle t éloquence (cf. en particulier la conclusion i de l’article Une confirmation imprévue t de mes précédentes critiques (Il, 17-10).