Si M. l’abbé Laberthonnière n’a pu, cette année encore, achever son ample travail : Dogme et Théologie, il lui a du moins apporté un nouvel et important accroissement (1, 279-313). D’autre part il a donne aux Annales divers comptes rendus et discussions, au premier rang desquels il convient de mentionner le très bel et vigoureux article intitulé : Une alliance avec l’Action Française, dans lequel il met en lumière l’antagonisme des doctrines d’un Maurras avec l’esprit du catholicisme, et proteste contre l’aberration qu’il y aurait à vouloir les rapprocher, comme ont tenté de le faire certains catholiques (II, 277-345).
Dans ses études, que déjà nous signalions l’année dernière, sur la responsabilité de l’Église dans la répression de l’hérésie au Moyen Age, M. Ed. Jordan fait justice des pieux sophismes par lesquels il est classique de disculper l’Église de son rôle dans l’Inquisition, en invoquant des nécessites d’utilité sociale. Textes en main. M. Jordan démontre irréfutablement, a ce qu’il semble, que l’Eglise ne condamnait point les erreurs des hérétiques en tant que socialement nuisibles, mais bien en tant qu’erreurs. « Voilà pourquoi, même en accordant qu’en fait la répression de l’hérésie était commandée par l’intérêt social et a servi cet intérêt, ce n’en est pas moins ou compte de l’intolérance religieuse qu’il faut porter l’Inquisition. » (1, 55.) — Nous citerons encore : Henri Brémont, Pro Fenelone, ardent plaidoyer d’un ami de Fenelon, où l’on trouve un savoureux mélange de l’érudition la plus avertie et la plus sûre avec la pensée la plus personnelle, la
plus primesautière qui se puisse concevoir, – et, ou regretté Bernard Bkcnhes, L’Knergétique moderne d’après Ostœald (I, H3-H3). De la Revue de Philosophie, nous ne voyons guère qu’un ou deux articles à retenir, articles purement historiques en général La Connaissance de Dieu chez saint Ronaventure, par M. G. AIen.nesson (Vol. 11, p. 5-19 et 113-125). Amour spirituel et synthèse aperceptice (I, 225240), et L’Être et l’Esprit (1, 561-574), par SI. P. Uousselot. Le numéro de septembre-octobre est consacré à une série d’études sur le darwinisme. La Revue pratique d’Apologétique, à Sun apparition, avait donné de belles espérances. A côté des revues proprement philosophiques, destinées à n’intéresser jamais qu’un petit nombre de lecteurs, il y avait place assurément pour une publication vulgarisatrice au meilleur sens du mot, qui, s’adressant au grand public catholique, l’eût’habitué peu à peu à voir les grands problèmes contemporains discutés ailleurs que dans de grossiers journaux, et à oublier quelquefois les hommes pour s’intéresser aux idées comme telles. Il faut bien dire que la Revue pratique d’Apologétique est loin de se maintenir toujours à la hauteur de cette tache. Sans doute, pendant cette dernière année, elle nous a encore donné de bonnes choses. il. SIanuenot a terminé sa consciencieuse étude sur La Résurrection de Jésus-Christ ; 11. Bardy a publié d’intéressantes Sotes sur la Pensée Juive à l’époque de Sulre-Seiyneur, il. LAbalxhe un bref et substantiel article sur La formation de la notion théologique de personne (1I, 377-583). Mais, à côté de ces travaux fort estimables, il en est d’autres que l’on s’étonne de voir figurer dans une revue soucieuse de quelque tenue. Par exemple, M. Bhiwrteau remarque que les philosophes qui reprochent à la marche chrétienne d’être une morjle intéressée sont des « professeurs grassement rétribués » (11, 730), soucieux de leur avancement, etc., et voilà de quelle manière se trouve traité le problème de l’autonomie. Souhaitons à la Reçue d’Apologétique de renoncer résolument à de tels procédés de discussion. Enfin les revues scolastiques nous apportent de précieuses études historiques. Citons, dans la Revue Thomiste Des Ecrits authentiques de suint Thomas d’Aquin (p. 62-82 et 289-307) par le P. Mandonnet ; – L’Origine du pouvoir politique d’après saint Thomas d’Aquin (p. 470-477), par M. Jacques Zeiu.er ; du P. Mandomiet encore dans la Revue Néo-Scolastique, Rotjer Bacon et le Spéculum Astronomise (p. 313-33">). Dans la Revue des Sciences philosophiques et théologiques, le P. Lemonxyer nous donne ses savantes études sur Le Culte des Dieux étrangers en Israël (p. S2-103 et 271-282), SI. H. Humueiit s^s recherches sur Le Problème des Sources théologiques au XV 1° siécle (p. 283-305). El on ne louera jamais assez l’umpleurde la bibliographie, l’abondance des renseignements patiemment recueillis par ces diligentes revues. Rivista di Scienzia iSoienita). IIIe année 1909. Nota Les articles parus en langues étrangères sont traduits en français à la fin des fascicules. Fascicule I. Ce volume débute par une savante étude de SI. F. E.nuiqui-.s sur le principe de raison suffisante cette étude, qui avait fait l’objet d’une communication au Congrès de philosophie de Heidelberg de 1908, a été analysée dans la Revue
