Page:Revue de métaphysique et de morale, supplément 6, 1910.djvu/28

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physiciens ne considèrent pas la théorie cinétique des gaz comme assez solidement établie dans tous ses détails pour attribuer une signification décisive aux objections opposées à des principes qui semblent par ailleurs bien fondés. » Mais il ajoute : « Tous les grands physiciens, Clausius, Maxwell, Helmholtz, Boltzmann, ont toujours reconnu qu’il fallait prendre tout à fait au sérieux les objections soulevées contre le second principe par les considérations cinétiques. Finalement ces objections ont conduit Boltzmann à une conception modifiée du second principe, qu’il considère comme un théorème du calcul des probabilités : les phénomènes qui se produisent ordinairement dans la nature s’observent avec une probabilité plus grande dans un sens qui, pour un système fermé, est celui que l’on appelle sens de l’accroissement de l’entropie. Cette conception laisse subsister, d’après Boltzmann, la possibilité de processus naturels qui ne satisfont pas au principe de l’entropie. » L’auteur rappelle ensuite les considérations du naturaliste Fick qui ont pour but de montrer les conséquences invraisemblables qu’entraîne la conception d’un univers qui se déroulerait toujours dans le même sens depuis une époque infiniment éloignée. M. Seeliger observe en terminant, et cette observation est particulièrement intéressante, que même en ne se plaçant pas sur le terrain de la théorie cinétique des gaz, la possibilité d’appliquer à l’univers le second principe doit être rejetée. « Comment peut-on s’imaginer des expériences telles que celles sur lesquelles repose la démonstration du second principe disposées de façon à prouver sa validité pour les phénomènes qui se produisent à l’intérieur de notre système d’étoiles fixes, par exemple, c’est ce qu’il est difficile de se représenter. En tout cas il est certainement impossible d’élargir au delà de toutes limites l’espace dont les masses doivent entrer en ligne de compte pour cette simple raison qu’on devrait adjoindre sans cesse de nouveaux complexes de corps d’étendue comparable. Dans cette voie, on ne tend jamais vers une limite, et par suite, il n’est pas permis d’étendre indéfiniment la validité des formules obtenues… Il est impossible de prouver plus que ceci : l’entropie dans un système parfaitement fermé va en croissant ; mais on ne saurait établir que ce principe reste vrai de systèmes de même nature de très grandes dimensions. » Cette critique arrêtera-t-elle dans son essor la métaphysique entropiste ? Les entropistes réservent toutes leurs critiques à la transformation — la transfiguration — en principe métaphysique du principe de la conservation de l’énergie, mais ils ne remarquent pas qu’ils procèdent exactement de la même façon avec le second principe. Or, si le premier principe est vrai sous des conditions analytiques bien déterminées – et pas d’une manière absolue –, la loi d’entropie, loi tirée d’expériences particulières, n’est valable également que sous des conditions déterminées. La transformation de ces lois de la physique expérimentale en principes absolus de l’univers est nécessairement sophistique, et les métaphysiques ( « entropistes » ou « conservatistes » ) qui se fondent sur de pareils sophismes sont dépourvues de valeur scientifique.

F. Bottazzi : La chimica fisica e la fisiologia. Le seul défaut que l’on puisse reprocher à cette savante étude, c’est d’être trop touffue, trop pleine de faits, mais elle donne au lecteur une idée très nette de l’esprit de la nouvelle physiologie. D’une manière générale on peut dire que les méthodes de la physique et de la chimie physique la plus récente, théories électriques, théorie des colloïdes, etc., sont venues prêter main-forte à la chimie classique, seule utilisée pendant de longues années dans le domaine biologique.

On emploie, par exemple, des procédés qui permettent de déterminer la résistance électrique pour étudier la concentration des électrolytes et des non électrolytes dans les liquides physiologiques (sang, urine). La méthode viscosimétrique rend également de grands services pour l’étude de processus au sein d’une « solution colloïdale » (amidon, glycogène). De même encore la méthode électrométrique des piles à gaz a permis de déterminer la réaction actuelle des liquides physiologiques (le sang, par exemple) : « Ces méthodes », de même que les méthodes polarimétriques, réfractométriques, etc., rendent des services remarquables au biologiste et au médecin ; en même temps elles présentent, sur les méthodes chimico-analytiques, l’avantage inestimable de respecter l’intégrité physiologique des tissus et des liquides examinés ; si bien qu’on ne pourra plus nous accuser d’étudier les problèmes de la vie sur la nature morte ou mourante. » L’auteur rappelle brièvement les principaux domaines où les méthodes de la chimie physique ont été appliquées : l’étude de la pression osmotique, de la conductivité électrique, de la viscosité, de la tension superficielle des liquides internes et des sécrétions chez l’homme et chez les animaux. Mais M. Bottazzi