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ESSAI


SUR LE


CARACTÈRE GÉNÉRAL DE LA CONNAISSANCE




NOTE PRÉLIMINAIRE.


Si, à la thèse que nous esquissons ici, nous donnons comme point de départ un examen critique du principe général du phénoménisme, la raison en est simple : le phénoménisme s’est présenté comme une critique générale des systèmes : en réalité il fut aussi, sinon chronologiquement, du moins logiquement, la dernière grande tentative pour constituer une synthèse totale de la connaissance. À cause de ce double caractère, qui en fait à la fois la vérité et l’erreur, nous avons pensé qu’examiner d’une manière critique le phénoménisme dans son principe fondamental était le meilleur point de départ pour l’exposé d’une thèse qui déclare à la fois : opposer, comme le phénoménisme, à tous les systèmes une fin de non-recevoir, et leur reconnaître à tous une égale et très réelle valeur relative.

I


DU PRINCIPE PHÉNOMÉNISTE DE LA CONNAISSANCE ET DU CARACTÈRE
GÉNÉRAL DE LA CONNAISSANCE SUBJECTIVE.


La thèse essentielle du nouveau criticisme, celle à laquelle il doit sa dénomination de phénoménisme, c’est la négation de la substance, négation qui a pour base celle de la chose en soi. Ces deux termes, substance et chose en soi, sont souvent employés comme convertibles et souvent à tort, car si toute substance est nécessairement une chose en soi, toute chose en soi n’est pas nécessairement une substance. Ainsi la philosophie du sens commun considère l’espace,