Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/331

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phénomène relatif aux déterminations actives (en tant que les mouvements instinctifs, par exemple, subordonnés d’abord aux affections sont le prélude des mouvements volontaires, les préparent et les amènent dans l’ordre naturel), n’est point encore une telle détermination. Je ferai seulement une remarque sur le terme détermination que vous avez choisi pour en faire le titre d’un système entier de phénomènes. Vous comprenez sous ce titre tout ce qui nous rend heureux ou malheureux, tout ce qui est pour nous un motif de choix ou de préférence, en un mot tout ce qu’on a appelé système de la volonté, c’est-à-dire dans le sens de Condillac (voyez sa Logique et son Traité des sensations) le malaise, le besoin, le désir, les passions. Il paraît bien par là que l’idée générale et complexe que vous attachez au terme détermination est prise surtout dans le système affectif et que c’est de là que vous tirez exclusivement les motifs ou les causes déterminantes de tout exercice de la force hyperorganique, en un mot, que vous subordonnez l’action à la passion, ainsi que l’a fait M. de Tracy dans ce passage de la Logique que vous citez avec éloge : « Sans doute, y est-il dit, on pourrait concevoir l’homme ne faisant que recevoir des impressions, se les rappeler, les combiner, toujours avec une parfaite indifférence. Il ne serait alors qu’un être sentant et connaissant, sans passion proprement dite relativement à lui et aussi sans action relativement aux autres êtres ; il n’aurait alors aucun motif pour vouloir et agir, et quelles que fussent alors ses facultés, elles resteraient, faute de stimulant, dans une grande stagnation, etc. »

Je conviens que dans l’ordre naturel le système affectif, qui est en exercice avant celui de la connaissance proprement dite, devient pour ce dernier comme un stimulant et influe beaucoup sur son développement ; mais je ne pense pas que la force hyperorganique ayant en elle-même son principe d’activité spontanée, indépendante et sui juris, soit absolument et nécessairement dépendante des affections et des passions de l’être sensitif, même dans son exercice primitif, à plus forte raison dans ce degré de développement qui constitue l’autopsie[1] et les volitions réfléchies.

On pourrait très bien supposer un être tel que celui dont parle M. de Tracy, réduit à des sens externes tels qu’un toucher actif

  1. Dans la langue d’Ampère, connaissance du moi par le moi. — Dans le manuscrit de Maine de Biran, la négation est omise, mais l’emploi du subjonctif soit l’implique et le sens l’exige.