constate que présentement toute manifestation de vie présuppose l’existence d’un germe, d’une cellule organique ; il se borne à cette constatation empirique, sans remonter par la pensée à l’origine des manifestations de la vie sur la terre ; il n’y a rien dans sa doctrine qui s’oppose à la conception d’un principe de la vie antérieur à la structure cellulaire, pourvu qu’on n’en infère pas que, actuellement, la vie s’offre à l’observation en dehors de la cellule, sans germe préexistant.
Mais qu’est-ce que peut bien être ce principe de vie préexistant à tout organisme et contemporain des forces et des atomes reconnus par les physiciens et les chimistes ? Il est certain que, si nous le concevons tel qu’il se révèle à nous par la conscience et par l’observation des plantes et surtout des animaux qui peuplent l’écorce terrestre actuelle, nous ne pourrons en même temps le concevoir coexistant avec la matière incandescente et dilatée de la terre primitive. L’animal est doué d’irritabilité et de sensibilité à divers degrés, et, pour ne parler que de cette dernière aptitude, nous savons qu’elle est aussi redoutable que bienfaisante. Si nous admettions que le principe de la vie, avant même d’avoir revêtu aucun organisme corporel, eût pu être sensible, à quel infernal supplice n’aurait-il pas été condamné au début de l’évolution terrestre ! Mais rien ne nous oblige à cette supposition. Nous ne trouvons pas un exemple, sur notre planète, de sensation qui n’ait été précédée d’une impression interne ou externe exercée par le milieu sur un organisme. L’existence d’un système nerveux, si rudimentaire soit-il, d’une cellule nerveuse au moins, apparaît aux physiologistes comme la condition nécessaire de tout phénomène de sensibilité. Nous sommes donc en droit de considérer la vie, antérieurement à tout organisme corporel, comme n’ayant eu qu’une existence virtuelle, et son principe comme plongé dans l’inconscience. Cette conception est très conforme aux résultats de l’observation scientifique et même vulgaire, car nous voyons, depuis le végétal jusqu’à l’homme, la conscience s’éveiller graduellement chez les êtres organisés à mesure que leur système nerveux se perfectionne en se compliquant pour s’épanouir en cerveau.
Dans notre hypothèse il serait évidemment absurde de prétendre qu’avant la formation des organismes il n’existait aucune relation, aucune communication entre la vie virtuelle et son milieu terrestre, car nous concevons l’Univers comme un tout, dont aucune partie n’existe isolée, séparée entièrement des autres ; un être ne se conçoit