d’après une méthode mieux adaptée au titre de la chaire, nous émettons tout au contraire, en ce qui touche la chaire de Psychologie expérimentale et comparée, le vœu que le titre de la chaire se conforme plus exactement à la méthode suivie dans le cours. Le succès qu’a obtenu M. Ribot, succès durable et légitime, est dû non pas seulement à la remarquable clarté de ses expositions, à l’abondance des documents qu’il nous apporte, à l’étendue et à la sûreté de ses connaissances, mais encore au caractère de son enseignement plus traditionnel peut-être qu’on ne le croit d’ordinaire. En effet renoncer d’une part aux méthodes subtiles qui servaient, chez des philosophes comme Leibniz et comme Kant, à l’approfondissement des notions psychologiques sans néanmoins poursuivre encore dans des laboratoires, comme celui des Hautes-Études, des expériences d’ordre trop souvent extra-psychologique ; abandonner la déduction aux dialecticiens, l’expérimentation aux physiciens, pour s’attacher à la constatation, à l’observation exacte des « faits de conscience », telle est, semble-t-il bien, la méthode adoptée par M. Ribot, et telle a toujours été, malgré la diversité des tendances et des préjugés, sans vouloir méconnaître d’ailleurs que la pensée moderne a traversé sur ce point bien des phases, la méthode suivie par les psychologues de France et d’Angleterre. Mais alors pourquoi imposer à une chaire dont l’objet est traditionnel une détermination d’apparence moderne, et qui a le tort d’être trop étroite ? Pourquoi ne pas l’appeler chaire de Psychologie tout simplement ? Ce changement de titre paraîtra inoffensif, et il ne peut altérer en aucune façon le caractère du cours qui y est actuellement professé. Mais il n’est pas indifférent : d’abord, parce qu’il répond mieux à la réalité présente des choses, et surtout parce qu’il réserve la liberté de l’avenir, parce qu’il donne au Collège de France la faculté de suivre l’évolution de la science, et de choisir tour à tour comme représentant des recherches psychologiques soit un psycho-physicien, soit un philosophe. Pour que la chaire de psychologie au Collège de France soit véritablement philosophique, il importe que l’État assure, dans cette chaire, la possibilité d’une discussion toujours ouverte, aussi large et aussi approfondie que possible, non seulement sur les problèmes spéciaux, mais encore sur la conception générale de cette science.
Est-ce que les chaires plus anciennes, qui constituent l’enseignement de la philosophie au Collège de France, satisfont à ces conditions ? La chaire de Philosophie grecque et latine, qui remonte, en