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Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/437

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Le caractère de relativité de ces notions est évident. Le concept de multiplicité entraîne celui d’unité et réciproquement. Il n’y a de multiplicité que par rapport à l’unité et il n’y a point d’unité absolue dans le monde physique. Les monades, auxquelles Leibniz conférait la simplicité parfaite, n’étaient point des atomes matériels ni des éléments cinématiques, des existences en soi, mais des choses pensantes et représentatives, des existences pour soi. Il n’y a point de phénomènes physiques simples. Ce que nous tenons pour simple est susceptible d’apparaître comme composé dès que notre point de vue se déplace ; nos unités sont provisoires et superficielles, elles recouvrent des multiplicités qui, à leur tour, en dissimulent d’autres, et la distinction de l’un et du multiple est sans valeur, dépourvue de sens, en dehors des rapports où on la fait entrer. D’un autre côté, le concept d’univers est un concept limite. Nos unités ne sont que des multiplicités déguisées ; notre totalité n’est jamais définitive.

En premier lieu, la multiplicité totale actuelle est irreprésentable parce qu’il n’y a pas d’unité simple : en effet, elle ne peut pas être finie puisqu’on peut toujours la multiplier au moyen d’un changement d’unités, et, si elle est infinie, elle est inconcevable, l’infini réalisé, actuel, impliquant contradiction.

En second lieu, la multiplicité totale, même si on la suppose composée d’unités simples, n’est pas moins inconcevable, car, dans ce cas, elle ne pourrait être que finie, et il est impossible de concevoir réalisée une multiplicité de simultanéité, finie, ne coexistant avec aucune autre, non comprise en elle, parce qu’une telle multiplicité, étant absolument inconditionnée, ne se distinguerait pas de l’absolu. Le concept de multiplicité totale est donc doublement relatif. Il est relatif, premièrement, parce que le tout ne se conçoit pas sans ses parties, et secondement, parce que l’esprit est impuissant à s’arrêter, autrement que par une convention équivoque, à un tout définitif qui renfermerait l’universalité de l’actuellement donné. Il n’y a pas plus d’univers absolu qu’il n’y a de repos absolu, et il serait aussi puéril de vouloir assigner à la multiplicité totale une valeur déterminée que de prétendre trouver dans l’espace sidéral un point fixe qui serait le centre d’axes coordonnés par rapport auxquels tous les mouvements des corps célestes seraient des mouvements absolus et non relatifs.

Les multiplicités de succession possèdent une relativité que l’on pourrait qualifier d’ordre supérieur ; car, d’une part, les éléments qui