Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/470

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notre activité intellectuelle ne peut se faire que suivant un plan déterminé (præmeditato consilio). Mais il est vrai que la méthode ne se suffit pas à elle-même, en ce sens qu’elle est, ainsi que Spinoza l’a déjà définie, une connaissance réfléchie, une idée d’idée ; « et parce qu’il n’y a pas idée d’idée, s’il n’y a pas d’abord idée », il n’y aura pas de méthode sans idée préalable. Par suite cette méthode sera la bonne qui montrera comment il faut diriger l’esprit selon la règle d’une idée vraie (ad datæ veraæ ideæ normam) (I, 13). Or à quel signe reconnaître l’idée vraie qui sera le point de départ de la connaissance ? À sa simplicité. En effet il est impossible qu’une idée simple soit connue en partie et en partie inconnue : ou nous ne l’avons pas formée et nous n’en pouvons rien dire, ou nous la possédons dans son intégrité, elle est claire et distincte, vraie par conséquent (I, 21). Au début de toute connaissance, il faudra donc s’attacher aux idées simples, ou, si l’on avait affaire à une idée composée, la résoudre en ses éléments simples. En effet une idée simple étant en raison de sa vérité, connue en elle-même et par elle-même sans rapport aucun avec quelque cause externe que ce soit, il suffit de considérer ce que l’esprit a mis de sa propre activité dans cette idée, pour s’en former un concept absolument adéquat. Si l’on circonscrit, si l’on fixe en quelque sorte cette part d’activité, on obtient une définition ; appliquée à une idée qui procède uniquement de l’intelligence, abstraction faite des objets que renferme la nature, la définition ne peut pas ne pas être exacte. Tout ce qu’elle contient d’affirmation, correspondant à un acte positif de conception, doit à la réalité de cet acte sa vérité, cette vérité peut donc se poser sans aucune chance d’erreur, elle n’a d’autres bornes que les limites mêmes du concept (I, 24).

C’est ainsi que l’idée simple devient la base de la méthode, sa définition est le point de départ nécessaire pour organiser les idées, on peut donc dire qu’elle est le principe de la déduction. Comment s’accomplit cette déduction ? Est-ce que l’affirmation de l’idée simple conduit immédiatement à l’affirmation de l’idée composée ? Soit par exemple la définition de la sphère : le solide engendré par la révolution d’un demi-cercle autour du diamètre ; est-ce que cette définition peut être considérée comme une conséquence directe de la définition du demi-cercle, de telle sorte que l’esprit passe de l’une à l’autre tout de suite, par un prolongement nécessaire de son mouvement primitif ? S’il en est ainsi, la formation de l’idée de sphère ne cor-