Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/493

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actes se trouvent naturellement confondus et identifiés avec les impressions sensibles.

Quoique votre doctrine psychologique fasse bien ressortir les facultés ou opérations de la force super-sensible, il me semble que vous ne distinguez pas encore assez nettement ce qui lui appartient en propre de ce qui se trouve naturellement placé hors de son domaine, et c’est là, selon moi, le défaut essentiel de tous vos projets de classification où vous semblez avoir eu égard surtout aux matériaux de l’intelligence considérée comme passive et réduite à certaines formes naturelles (à la manière de Kant) plutôt qu’aux actes ou opérations de la force intelligente et à ses produits exclusifs.

Pour exclure du tableau de classification le terme intuition, vous vous êtes déterminé à rejeter les phénomènes mêmes relatifs aux connaissances qui sont antérieures à l’autopsie, en ne donnant des noms propres qu’à ceux que nous pouvons observer, dites-vous, à présent que la conscience de notre propre existence ne peut plus nous quitter. Ce nouveau point de vue est bien opposé à tous vos projets de classifications précédents où je trouvais que vous aviez multiplié outre mesure les distinctions et dénominations des phénomènes antérieurs au moi. Vous me disiez dans une de vos lettres : « Pour ne point admettre de moi dans les bêtes, il faut bien en rendre indépendants les phénomènes sans lesquels leurs actions seraient vraiment inexplicables. D’ailleurs, ajoutiez-vous, tous ces phénomènes des deux premiers systèmes, qui comprennent, savoir : le 1er les intuitions, les contuitions, affection et réaction, et le 2e les images, commémorations, inclinations et tendances, ces phénomènes ne présentent rien de trop relevé pour ne pas être attribués à la simple sensibilité. » Quelle preuve nouvelle avez-vous acquise, aujourd’hui, que tout cela est pure chimère ; comme s’il n’y avait pas toujours une simple sensibilité sans moi, et divers phénomènes qu’il n’est pas permis de confondre dans l’exercice de cette sensibilité simple et passive, comme si ces distinctions essentielles ne ressortaient pas des observations de l’état de sommeil, de délire, de somnambulisme, de tous ceux enfin où l’être sensible éprouve des affections et exécute des mouvements coordonnés sans avoir le compos ou le conscium sui. Mais en me laissant les mots que je voudrai choisir pour exprimer cette classe de phénomènes antérieurs au moi dont vous croyez aujourd’hui n’avoir plus besoin de faire mention, vous commencez