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DISCUSSIONS




DE L’ÉVOLUTIONNISME PHYSIQUE


ET DU


PRINCIPE DE LA CONSERVATION DE L’ÉNERGIE




Nous éprouvons quelque scrupule à dire ici tout le bien que nous pensons de l’article de M. Louis Weber sur l’Évolutionnisme physique[1], et à en louer comme il conviendrait la clarté logique, la précision et l’ingéniosité. Qu’il nous soit du moins permis de féliciter l’auteur d’avoir joint à la critique, d’ailleurs péremptoire, de la métaphysique évolutionniste, une critique de l’évolutionnisme au point de vue scientifique et logique. Cette seconde critique nous paraît fort juste dans son principe et dans ses conclusions ; et si nous croyons devoir signaler une lacune dans cette argumentation, ce n’est pas pour la réfuter, mais au contraire pour inviter son auteur à la rectifier et à la compléter. Nous aurons en même temps l’occasion de définir quelques-unes des notions fondamentales de la mécanique, dont on fait grand usage en philosophie naturelle, mais auxquelles on prête trop souvent un sens vague et élastique fort éloigné de leur sens scientifique.

On pourrait regretter, par exemple, que M. Weber n’ait pas assez nettement distingué la force de la masse d’une part, et de l’énergie d’autre part. Sans doute M. Spencer semble fréquemment confondre ces concepts, pourtant si divers ; mais c’est une raison de plus pour en maintenir et en préciser la distinction. La masse n’est point du tout « l’espèce de force qui produit l’occupation de l’espace », ni aucune autre espèce de force, telle que la force d’inertie : car la force est, comme le dit fort bien M. Weber, une quantité vectorielle (c’est-à-dire un segment de droite ayant une direc-

  1. Revue de Métaphysique et de Morale, septembre 1893.