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Page:Revue de métaphysique et de morale - 1.djvu/646

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chie, fellow of Jesus College, Oxford. London, Swan Sonnenschein and Co, 1893.

Nous laissons de côté plusieurs essais qui portent sur des problèmes de philosophie politique, et nous bornons notre examen aux deux premières études, dont l’une donne son titre au volume (Des idées d’origine et de valeur — Darwin et Hegel), et qui ont pour objet de proposer un traité de paix, un concordat entre le transformisme darwinien et la dialectique hégélienne. Voici les bases du compromis : 1o Le transformiste substituera, à la théorie de l’adaptation, la théorie, défendue par Weissmann, de la sélection naturelle, théorie qui se prête mieux, selon M. Ritchie, à une interprétation finaliste. — 2o Le disciple de Hegel renoncera à la conception hégélienne de la contingence. Car chez Hegel, qui, sur ce point, suit Aristote, le hasard demeure une cause objective qui agit dans les choses, au lieu d’être un nom pour notre ignorance. Or la théorie de la sélection naturelle nous permet de rendre compte scientifiquement de l’élément de contingence, de l’élément historique de l’univers.

Sur ces deux points, nous oserons ne pas adhérer au compromis proposé par M. Ritchie. 1o Il reste que la théorie scientifique de l’évolution explique toujours l’évolution par des causes extérieures à l’être évoluant, par une simple suppression d’obstacles, tandis que la dialectique hégélienne explique l’évolution dialectique d’une idée par les contradictions internes de cette idée. — 2o La caractéristique de l’idéalisme hégélien est d’être non pas un monisme, au sens vulgaire du mot, mais une dialectique, qui cherche à atteindre le réel par une élimination graduelle de points de vue. — Le hasard n’est qu’un nom de notre ignorance, soit. Mais la question est de savoir si notre science, ayant pour objet un univers temporel et spatial, n’est pas une science indéfinie, qui implique nécessairement de l’ignorance, et si le point de vue du déterminisme et le point de vue de la contingence ne sont pas deux points de vue abstraits au même degré, et également nécessaires. — Mais la thèse de M. Ritchie a beau être contestable, elle est curieuse, et défendue avec talent.

— Nous nous contentons aujourd’hui de signaler l’apparition de l’Année philosophique de 1892 (Alcan). Le plan en est exactement parallèle à celui de l’année précédente. M. Dauriac, à propos encore du livre de W. James, traite de la nature de l’émotion. M. Pillon suit cette fois l’évolution historique de l’Idéalisme. Enfin M. Renouvier étudie le pessimisme dans son principe métaphysique : il essaye de montrer que la philosophie de Schopenhauer est comme une dégénérescence des doctrines catholiques, et que le monisme substantialiste est la base commune des systèmes pessimistes, qui s’écroulent avec lui.

— M. Dunan vient de publier chez Delagrave le premier fascicule (Psychologie) d’un Cours de Philosophie dont nous aurons occasion, lorsque l’ouvrage sera complet, de louer les qualités originales : tout en suivant d’une façon générale l’ordre du programme officiel, ce cours renferme une véritable doctrine, à la fois approfondie et claire, exposée par elle-même, en dehors de toute polémique, sous une forme simple et substantielle.

— Louons aussi les efforts que font plusieurs écrivains pour asseoir sur une base solide les cours de philosophie qui viennent d’être institués pour les élèves de classe supérieure des sciences, M. Lalande, dans ses intéressantes Lectures sur la Philosophie des Sciences (Hachette), et M. A. Bertrand, dans ses très complets Principes de Philosophie scientifique et de Philosophie morale (Delaplane).



Revue philosophique. — Dans l’histoire des sciences, il arrive qu’à un moment donné, grâce à un concours heureux d’études et de découvertes, la lumière se fait brusquement sur une question. Le cas vient, semble-t-il, de se présenter pour le problème de la fécondation dont M. Kœhler (avril 1893) (Pourquoi ressemblons-nous à nos parents. Étude physiologique sur la Fécondation) et M. Delage (La nouvelle théorie de l’hérédité de Wissmann, juin 1893) nous entretiennent dans la Revue philosophique. M. Kœhler essaye de coordonner les résultats acquis, pour en tirer une théorie définitive. La loi générale de la vie cellulaire étant la division, la parthénogenèse, qui en est la conséquence immédiate, est le fait primitif et normal. Mais, au bout d’un certain nombre de générations, la race s’est épuisée dans cette reproduction perpétuelle, elle éprouve un besoin de rajeunissement qui se satisfait par la fusion en une pluralité de diverses cellules (formation d’un plasmodium générateur). Enfin le nombre des cellules se réduit à deux, qui peu à peu